Fiesta
Enjeux collectifs
Une grande parade inaugurale, des expositions disséminées un peu partout dans la métropole lilloise, des rues métamorphosées, des spectacles… Pas de doute, revoici le festival triennal de lille3000 ! Après une ruée vers l’art aux couleurs mexicaines (Eldorado) puis une réflexion sur notre rapport à la nature (Utopia), cette septième édition nous invite à faire la fête. Où il sera question de carnaval, de fanfare, de contemplation, d’introspection… et surtout de la simple joie d’être ensemble.
« Les formes de l’art n’ont d’autre origine que la fête ». Cette réflexion de Georges Bataille sied comme un gant à la nouvelle thématique de lille3000, qui décline la bringue dans tous ses états. « Pas seulement pour s’envoyer des confettis ou jouer de l’accordéon, mais surtout pour se retrouver », précise Martine Aubry, la désormais ex-maire de Lille. « Fiesta, c’est un moyen de contrecarrer la furia du monde et de se poser des questions ». Notamment celles de la source de cet art de vivre, au rôle éminemment fédérateur. « Faire la fête revient à faire société », résume Juliette Singer, la directrice du Palais des beaux-arts de Lille, qui se penche sur les célébrations flamandes des XVIe et XVIIe siècles. À cette époque, les anciens Pays-Bas (Nord-Pas de Calais et Belgique) sont déchirés par la guerre de Quatre-Vingts Ans. Pour conjurer les massacres et la famine, « la fête arrive comme un exutoire, un sursaut de vie ». Cette exposition plonge ainsi dans les racines de ce rituel unifiant le plat pays et les Hauts-de-France à travers des toiles signées Bruegel, Rubens, Jordaens…
Les sens de la fête
Pour autant, « comment s’amuser dans un monde qui vacille, entre crise climatique et incertitudes politiques ? », s’interroge Siegrid Demyttenaere, commissaire de The Distorted Party. Présenté au musée de l’Hospice Comtesse, ce parcours d’oeuvres contemporaines s’annonce des plus ambivalents. « Ici l’euphorie flirte avec l’inquiétude, la beauté côtoie le chaos et la célébration devient un espace de questionnement ». À l’image des installations du Guadeloupéen Kenny Dunkan, s’inspirant du carnaval pour renverser les rapports de domination, quels qu’ils soient.
De retournement de sens, il est également question au Tripostal, qui présente “un récit renversant de l’art moderne”, mais aussi à la Gare Saint Sauveur, qui nous convie à une introspection collective ou tout simplement dans l’espace public. Outre des spectacles et une grande parade habillée d’or, de léopard rose ou de fleurs, les artistes s’emparent des rues et de lieux iconiques. Ce sont les bonshommes “mignons” de l’impayable Philippe Katerine sur la Grand’Place, les aphorismes lumineux de l’Italienne Marinella Senatore, les lanternes et masques asiatiques monumentaux du duo Benoit + Bo… entre autres surprises !
Focus sur deux événements
La fête : une expérience intérieure
Comment la fête agit-elle sur nos membres, notre respiration, notre cerveau ou notre coeur ? Telle est la question de cette nouvelle exposition de Fabrice Bousteau. Dans une Gare Saint Sauveur « transformée en labyrinthe et augmentée à la dopamine », une vingtaine d’artistes émergents font rimer introspectif et collectif. Ici, des oeuvres s’animent grâce à la chaleur du public, nous invitent à des danses acrobatiques non loin de robots-aspirateurs en pleine transe techno-paillettes !
>> Lille, 26.04 > 27.07, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 10h-19h, gratuit
Pom Pom Pidou

Kiki Kogelnik, It Hurts with a Scissor, 1974-1976 – Centre Pompidou, MNAM-CCI – Philippe Migeat – Dist. GrandPalaisRmn © Kiki Kogelnik Foundation
Du cubisme orphique de Robert Delaunay aux oeuvres algorithmiques de Vera Molnár, en passant par le mouvement Dada, les ready-made de Marcel Duchamp, les Futuristes italiens ou le Pop Art, cette exposition offre “un récit renversant de l’art moderne”. Nourri de plus de 200 oeuvres parmi les plus importantes du Centre Pompidou, ce parcours célèbre sur trois étages celles et ceux qui ont chamboulé l’histoire de la création et, in fine, notre façon de percevoir le monde.
>> Lille, 26.04 > 09.11, Tripostal, mer > dim : 11h-18h, 12/8€ (gratuit -18 ans)
















