Eldorado
Conquête spéciale
Après avoir dispensé des Bombaysers, envisagé l’Europe XXL, les limites du Fantastic ou la Renaissance, lille3000 se lance à la conquête de l’Eldorado. Pérennisant l'”esprit de 2004″, année où Lille fut désignée capitale européenne de la culture, cette triennale découvre de flamboyants horizons, à l’image du Mexique, invité d’honneur. Où il sera question de musique, d’art visuel, de gastronomie, d’espoir, de fête, de politique, d’écologie… à l’abordage !
L’eldorado ? Vaste sujet. 500 ans pile après la découverte du Mexique par Cortés, le mythe reste vivace. à vrai dire, il est aussi ancien que les premiers rêves de l’humanité. Quête d’un monde meilleur, d’une planète plus propre, d’un paradis collectif ou individuel (parfois artificiel), de richesses, d’une terre où simplement (sur)vivre… Les thèmes sont nombreux. « C’est avant tout la poursuite d’un idéal, résume Thierry Lesueur, coordinateur général de lille3000. Nous avons ainsi conçu cet événement comme une grande chasse aux trésors, lointains ou proches, parfois enfouis en nous, à travers toute la métropole lilloise ». Expositions, concerts, spectacles, ateliers, bals… Ce programme foisonnant prend aussi ses aises dans les parcs et jardins, « cet or vert de nos communes », à la faveur d’un calendrier s’étalant cette fois du printemps à l’automne.
Ramblas et noubas
A la fois artistique et festif, Eldorado s’appuie sur un invité de marque : le Mexique. « C’est un pays qui stimule l’imaginaire, selon Thierry Lesueur. Des Mayas au street art, son histoire est très riche, mêlant des cultures très anciennes, populaires et contemporaines ». Dès lors, c’est toute la capitale des Flandres qui se métamorphose. A commencer par la rue Faidherbe, parcourue de monumentales “alebrijes”, ces statues représentant des animaux chimériques. Les lieux culturels phares de la métropole ne sont bien sûr pas en reste. Quand le Tripostal favorise l’art contemporain via Eldorama, le musée de l’Hospice Comtesse célèbre de grands artistes aztèques, tels Frida Kahlo ou Diego Rivera (Intenso / Mexicano). La Gare Saint-Sauveur convie de son côté La Déesse verte, incarnation hybride de la Nature, au sein d’une exposition immersive. « On parle aussi beaucoup d’immigration, une préoccupation constante des artistes ». Ne serait-ce qu’à travers US / Mexico Border à la maison Folie Wazemmes, qui se penche sur la notion de frontière, au sens large.
Sky is not the limit
Au passage, lille3000 décroche la lune… pour la poser dans la gare Lille-Flandres, histoire de célébrer les 50 ans de nos premiers pas sur l’astre nocturne. Œuvre du Britannique Luke Jerram, cette sphère de sept mètres de diamètre reproduit notre satellite avec une précision stratosphérique. Gonflée à l’hélium, elle est habillée de photographies de la NASA. En attendant, revenons un peu sur terre. La fiesta débute le 4 mai (et non plus le 27 avril, pour cause de “vents violents”), avec une grande parade inaugurale. Artistes de rue, musiciens, bénévoles… près de 1 500 personnes mèneront la danse au milieu de marionnettes géantes mais aussi de chars à l’effigie des figures ou traditions mexicaines (catcheurs, fête des morts…). « Nous avons engagé un passionnant travail avec les harmonies et écoles de musique locales. Attendez-vous à une grande fête à la mexicaine, traversée par les danses, costumes et fanfares, un peu à la manière de notre carnaval ». Comment ne pas être conquis ?
Eldorama
Ludique, mais aussi critique, cette exposition occupe les trois niveaux du Tripostal, pour autant de chapitres. « Il s’agit de raconter le grand récit de l’eldorado avec les œuvres d’artistes du monde entier », précise le co-commissaire, Jérôme Sans. Au rez-de-chaussée, Les Mondes rêvés illustrent les déclinaisons d’une quête animant les Hommes depuis la nuit des temps : espoir d’une vie meilleure, désir de plénitude ou de richesse… Quitte à poursuivre des chimères, à l’image de la chambre tapissée de miroirs (aux alouettes ?) de la Japonaise Yayoi Kusama, égarant le visiteur dans un espace infini. Au deuxième étage, La ruée s’intéresse aux véhicules de l’exode (voulu ou forcé), telle Hope d’Adel Abdessemed, représentant une barque remplie de déchets, métaphore cruelle du sort des migrants risquant leur peau en mer (dans l’indifférence générale). Les Nouveaux eldorados, enfin, figurent cette course effrénée « nous conduisant d’un mirage à un énième paradis ». On vous laisse découvrir lesquels…
>> Lille, 27.04 > 01.09, Tripostal mer > dim : 10 h > 19 h, 9 / 7 €
US / Mexico Border
A l’heure où Trump souhaite bâtir un mur entre le Mexique et les USA, cette exposition présentée au Craft and Folk Art Museum de Los Angeles en 2017 dévoile le travail d’une quarantaine d’artistes contemporains. Originaires des deux côtés de cette ligne, ces designers, sculpteurs, peintres, photographes, architectes explorent la notion de frontière, physique ou imaginaire.
>> Lille,27.04 > 28.07, maison Folie Wazemmes mer > dim : 14 h > 19 h, gratuit, maisonsfolie.lille.fr
Les Enfants du paradis
Empruntant son titre au film de Marcel Carné (1945), mais aussi sa mélancolie et son extravagance, cet accrochage offre « le panorama d’une nouvelle génération de peintres », explique le co-commissaire, Jérôme Sans. A l’image des barres d’immeubles de Nina Childress, ces artistes révèlent « un regard désenchanté sur notre monde en perpétuelle redéfinition, où l’eldorado demeure une obligation ».
>> Tourcoing, 24.04 > 26.08, MUba Eugène Leroy tous les jours sauf mar : 13 h > 18 h, 5,50 / 3 € / gratuit (-18 ans)
La Déesse verte
Sujet préoccupant nombre d’artistes sud-américains, la nature s’épanouit à la Gare Saint-Sauveur sous une forme hybride. à la fois personnage et paysage synesthésique, force bienveillante et menaçante, La Déesse verte nous convie au sein d’une serre dystopique. Ce terrain mêle culture préhispanique, SF, l’animal ou le végétal, photos, vidéos et installations de jeunes créateurs fascinants.
>> Lille, 27.04> 01.09, Gare Saint-Sauveur mer > dim : 12 h > 19 h, gratuit
Et aussi :
Parade d’ouverture : Lille, 04.05, centre-ville, 19 h // Museum of The Moon (Luke Jerram) : Lille, 27.04 > 01.12, Gare Lille-Flandres, // Intenso / Mexicano : Lille, 27.04 > 01.09, Musée de l’Hospice Comtesse // Tlacolulokos Vizualing Language : Oaxaxca in L.A. : Lille, 27.04 > 01.12, divers lieux en ville // Golden Room : Lille, 27.04 > 02.09, Palais des beaux-arts // Les collections du Musée d’art populaire de Mexico : Lille, 27.04 > 13.07, Musée d’histoire naturelle // Casa Loca : Lille, 27.04 > 28.07, maison Folie Wazemmes // Julien Salaud, Jungle et sentiment : Lambersart, 25.04 > 18.08, Colysée // Le MUMO 2 (musée mobile) : Métropole lilloise et Hauts-de-France, 27.04 > 15.09, divers lieux // Benoît Paillé, Surreal Mexico : Roncq, 17.05 > 21.07, Les Anciennes Ecuries // Art textile contemporain du Mexique : Roubaix, 04.05 > 30.06, La Manufacture // Betsabeé Romero, Soles De Oro : Lille, 27.04 > 01.12, Vieille Bourse // Collectif Detonador, Amazonia Aqui : Lille et Mons-en-Barœul, 27.04 > 01.12, Parc Lebas, maison Folie Fort de Mons, Parc du Baroeul & Maison du projet Le Lien // + Temps forts : Week-end jardins : 17 > 19.05 // Week-end Mexique : 07 > 09.06 // Week-end lune : 19 > 21.07…