Stephan Vanfleteren
Entre ombre et lumière
C’est l’un des grands noms de la photographie contemporaine. Stephan Vanfleteren s’est révélé il y a une trentaine d’années avec des portraits ou reportages effectués à travers le monde, toujours en noir et blanc. Inimitable, l’oeuvre du Flamand est désormais reconnaissable au premier coup d’oeil… Vraiment ? À Bruxelles, cette exposition dévoile une autre facette de son travail : celui réalisé dans son atelier, où il s’est employé à dompter la couleur et surtout la lumière du jour.
Après avoir parcouru le globe, capturant tantôt la mélancolie d’un visage anonyme ou l’expressivité d’un paysage désolé, Stephan Vanfleteren a ressenti le besoin de se poser. Le natif de Courtrai a choisi de se consacrer à son art dans le huis clos de son studio, à Furnes où il vit désormais, et de laisser un peu de côté cette monochromie qui fit pourtant son succès. Un travail en toute intimité, éclairé par une lumière du jour fuyante et douce, typique de ce ciel plombé de la côte belge mais qui est, dit-il, « à l’origine de tout. Depuis plus de 12 ans, je vois ce phénomène envahir mon atelier. C’est un émerveillement dont je ne me lasse pas ». En résulte une série de photographies en couleur, souvent prises devant des fonds gris, révélant une infinité de détails et de contrastes. Réunies dans l’ouvrage Atelier, elles sont aujourd’hui exposées, pour la première fois, au Hangar de Bruxelles.
Éclat naturel
Il y a là des portraits, bien sûr, à commencer par le sien, marqué par ce regard ténébreux et ces vibrations. Plus loin, on admire un visage de jeune fille empli de spleen ou celui d’un vieux pêcheur buriné par le travail et le passage du temps. Au fil de ces clichés, on trouve aussi des objets, comme cette bouteille renvoyée par la mer et semblant enfermer un morceau de soleil. Il y a également des mains (dont celle de Nick Cave) et des nus, à l’image de cette femme posant à genoux, la tête renversée en avant dans une position insolite et dont la rondeur évoque les toiles de Botero. Citons enfin ses natures mortes, montrant en particulier des cadavres d’animaux ramassés près de chez lui, comme ce cygne inerte trouvé au bord d’une rivière et ici posé sur une table. Capturée dans une atmosphère en clair-obscur, la scène évoque là encore de grands noms de la peinture, tel Rembrandt ou Géricault, entre autres dompteurs de lumière…