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Au coeur de la machine

François Delarozière, ou une autre idée du théâtre de rue. Monumentale, l’idée. Le fondateur de la compagnie La Machine insuffle de la vie à des monstres d’acier et de bois hauts comme des immeubles. Manipulés telles des marionnettes, ils transforment nos villes en décors de contes fantastiques. Les Calaisiens garderont ainsi longtemps en mémoire les joutes de Long-Ma et Kumo. L’exposition Extraordinaires machines prolonge la magie en nous immergeant dans cet imaginaire peuplé de géniaux automates et de grosses bestioles. Portrait d’un homme qui rêve en (très) grand.

Une paire de ciseaux branchée sur une batterie fait résonner un lancinant cliquetis, tandis qu’une roue de guitares joue une étrange mélodie en tournant toute seule… Voilà la drôle de « symphonie mécanique » qui saisit d’emblée le visiteur. Dans la salle voisine, une immense serre volante laisse présager de féeriques « expéditions végétales » – dans le pur style de Miyazaki. Plus loin, les desserts servis par des lustres automatiques augurent un « dîner des petites mécaniques » assez déjanté… Que ce soit dans leur ingéniosité, leur poésie ou les aventures qu’ils supposent, il y a quelque-chose de Jules Verne ou de Léonard de Vinci qui transpire de ces objets. Exposés au musée des Beaux- Arts de Calais, ceux-ci sont l’oeuvre de la compagnie La Machine, fondée en 1999 par François Delarozière.

Connu à travers le monde pour ses spectacles mettant en scène un dantesque bestiaire, l’homme est un peu comme chez lui dans la cité de la dentelle. C’est en effet ici, en 1994, lors de l’inauguration du tunnel sous la Manche, qu’on a pu le découvrir aux commandes du « Géant tombé du ciel », sa première oeuvre démesurée, à l’époque où il officiait pour la compagnie Royal de Luxe.« Ça a été le déclic, dit-il. C’est à ce moment-là que j’ai inventé mon langage ». Celui-ci s’articule essentiellement autour du mouvement. « Il est l’expression de la vie, c’est un moyen de fabriquer de l’émotion ». Dès lors, il n’a cessé de se jouer des échelles et de se lancer des défis. Un éléphant de 50 tonnes, un Carrousel des mondes marins de 22 mètres de diamètre (à Nantes)… De fait, c’est au cœur de la ville, « le plus grand théâtre du monde », que toutes ses créatures se sentent le plus à l’aise. Ceux qui ont assisté en juin au combat de titans opposant Long Ma, le cheval dragon de 12 mètres, à Kumo, l’araignée de 38 tonnes, savent de quoi on parle…

Travail collectif

Fils d’une musicienne et d’un bricoleur de génie, ce minot des quartiers Nord de Marseille a d’abord suivi des études agricoles avant de se former aux beaux-arts de la cité phocéenne. Celui qui imagine ses projets lors de « rêves éveillés » revendique avant tout une démarche collective. Dans son atelier basé à Nantes où travaillent sculpteurs, électriciens, peintres…, il fonctionne comme un chef d’orchestre. « Je commence par gribouiller des petits croquis, me documente beaucoup et utilise toutes ces données pour réaliser un premier dessin. Ensuite, l’équipe s’en saisit pour le transcender » insiste ce Géo Trouvetou qui, à bien y regarder, lorgne aussi du côté du Dr Frankenstein. « Ma plus grande influence reste la nature, animale ou végétale, les paysages, confie-t- il. D’ailleurs, nous considérons nos machines comme des architectures vivantes. Elles sont une sorte de nouvel ordre biologique. Le châssis est un squelette auquel on va ajouter toute une tuyauterie, qui sont les veines transportant l’air, l’électricité et l’eau. Le moteur devient le cœur et le bois, la peau… ». La compagnie planche désormais sur la construction, à Nantes, de « l’Arbre aux hérons », soit une cité mécanique dans le ciel située… à 35 mètres au-dessus du sol. Perché, on vous dit !

 

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A LIRE AUSSI : L’interview de François Delarozière

 

 

Julien Damien
Informations
Calais, Musée des Beaux-Arts de Calais

Site internet : http://www.musee.calais.fr/

Ouvert tous les jours, sauf le lundi. Fermé le dimanche matin et les jours fériés.
Du 01/04 au 31/10 de 10h à 12h et de 14h à 18h.
Du 02/11 au 31/03 de 10h à 12h et de 14h à 17h

Tarif :
Tarif plein : 4* / 2 euros
Tarif réduit : 2* / 1 euros
(*avec entrée exposition temporaire)
Gratuit: - de 5 ans et pour tous le 1er dimanche de mars, juin, septembre et décembre.

23.06.2016>27.11.2016mar > dim : 13 h > 18 h, 4 / 3 €, gratuit (-5 ans)

A visiter : La Machine

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