Surréalisme, pour ainsi dire…
Ceci n'est pas un cliché
Cela ne vous aura pas échappé, cette année marque le centenaire du surréalisme. Si les expositions de peinture fleurissent, la photographie n’est pas en reste dans l’histoire de ce mouvement. À Charleroi, cet accrochage réunit des maîtres du genre (Man Ray) comme des usagers occasionnels (Magritte), témoignant de pratiques aussi diverses qu’inventives.
Il y a le titre de l’exposition d’abord, aussi intriguant que son propos : Surréalisme, pour ainsi dire… Empruntée à Paul Nougé, la formule traduit « la difficulté de définir une photographie surréaliste », justifie Xavier Canonne. Cette prudence n’a pas empêché le directeur du musée de la photographie de s’en donner à coeur joie. Puisant dans les riches collections de l’institution belge, celui-ci a orchestré un parcours en 12 chapitres (le corps, les objets…) révélant un foisonnement d’approches et, surtout, une immense liberté.
Mots croisés
Au cours de cette déambulation, les techniques de brûlage ou de surimpression de Raoul Ubac (provoquant autant d’apparitions fantomatiques) répondent par exemple aux fulgurances de Marcel Mariën, qui croisaient mots et images avec un plaisir contagieux. Pour preuve ce facétieux cliché, montrant une femme nue, vue de dos et sur lequel est inscrite une phrase : “Muette et aveugle, me voici habillée des pensées que tu me prêtes”. Entre collages et photomontages, les figures marginales (Pierre Molinier et ses autoportraits travestis) côtoient des oeuvres devenues iconiques. Ainsi de la fameuse Subversion des images. Réalisées par Paul Nougé à l’aide d’un petit Kodak à la fin des années 1920, ces 19 photographies dévoilent des buveurs trinquant sans verre, des poètes écrivant sans plume, les yeux fermés… Un monde étrange et un peu magique, pour ainsi dire.