Eugène Dodeigne
Œuvre plurielle
D’Eugène Dodeigne, on connaît bien sûr les sculptures monumentales en pierre bleue de Soignies. Ses oeuvres demeurent familières dans les Hauts-de-France, jalonnant les espaces publics, parcs et écoles, de Lille à Landrecies, en passant par Marcq-en-Baroeul où l’on trouve son chef-d’oeuvre : Le Groupe des dix. Mais ce Français né en Belgique avait plus d’une corde à son arc.
À Dodeigne, qui lui avait ouvert les portes de sa maison de Bondues, Germain Hirselj fit une promesse : « révéler un jour son oeuvre, dans toute sa diversité ». Neuf ans après sa disparition, et après un contretemps pour cause de Covid, l’engagement est aujourd’hui honoré. L’historien de l’art dévoile à la Piscine une rétrospective qui sera, dit-il, « la plus importante jamais consacrée » à cet éminent membre du groupe de Roubaix. L’exposition rassemble en effet près de 200 de ses créations, dont certaines rarement montrées.
Taille XXL
Eugène Dodeigne est né en 1923 près de Liège (où il ne vécut que six mois) dans une famille de tailleurs de pierre. Il fut initié au métier dès l’âge de 13 ans par son père, lequel sculptait des monuments funéraires. Voulant faire de son garçon un ouvrier qualifié, il l’envoie aux Beaux-Arts de Tourcoing. Très vite, les professeurs remarquent ses talents. Le jeune Eugène gagne Paris, où il découvre le Musée de l’Homme. « Ce sera son Louvre ». Comme Henry Moore ou Giacometti, Dodeigne se passionne pour les arts primitifs, sa première influence. « On a l’impression que ses oeuvres plantées dans l’espace public existent depuis une éternité, remarque Germain Hirselj. Comme si elles avaient été façonnées par de lointains ancêtres ».
Au-delà des clichés
Bien sûr, c’est d’abord ce travail sur la pierre de Soignies (« granitique, donc très dure ») qui assurera sa renommée. De cette roche bleutée, il élèvera des formes épurées d’où transpirent « une force, une brutalité parfois, mais une indéniable sensualité ». Dodeigne chercha à saisir la figure humaine et son mouvement, passant des heures à observer les danseurs du ballet du Nord. Pourtant, son oeuvre ne s’arrête pas à cette pratique. À Roubaix, on découvre ainsi son appétence pour le bois (L’Élan, lorgnant vers l’abstraction), ses bronzes, et puis ses dessins au fusain, ses peintures et même… ses photographies. L’artiste réalisa en effet quelque 2 000 clichés au cours de sa vie, immortalisant le dialogue silencieux entre ses sculptures et leur environnement. Les voici révélées sous un angle inédit.
Site internet : http://www.roubaix-lapiscine.com/