Andoni Beristain
Soleil noir
Installé à San Sebastián, dans le Pays basque espagnol, Andoni Beristain s’est révélé avec des compositions minimalistes, intrigantes et emplies de contrastes. En effet, si son œuvre se pare de couleurs chaudes et de motifs estivaux, ses sujets s’avèrent extrêmement profonds, voire difficiles. L’artiste évoque aussi bien l’absence, la disparition que la maladie, mais toujours à travers un regard optimiste. Ses photographies se nimbent ainsi de mélancolie comme d’une inquiétante étrangeté, en parfait équilibre sur cette ligne ténue séparant l’ombre et la lumière. Entretien.
Tout d’abord, pouvez-vous nous parler de votre carrière artistique ? J’ai quitté le Pays basque pour Barcelone à l’âge de 18 ans pour étudier le graphisme. J’ai toujours été intéressé par l’art et il était clair pour moi que je suivrai des études stimulant ma créativité. Puis, par hasard, j’ai commencé à prendre des photos. Cela a progressivement pris de l’ampleur, jusqu’à devenir ma profession. J’ai combiné la photographie, le design et la direction artistique dans plusieurs entreprises et, depuis huit ans, je travaille dans mon propre studio.
Comment définiriez-vous votre travail et qu’est-ce qui, selon vous, caractérise votre style ? Il est traversé par le surréalisme, les couleurs, l’ironie et une façon de dire les choses de manière directe et simple.
Vos compositions sont emplies de couleurs chaudes, elles véhiculent une atmosphère estivale, mais aussi une certaine solitude, voire une tristesse. Cherchez-vous à exprimer une contradiction, un dualisme dans vos images ? C’est quelque chose que je porte en moi et qui ressort de cette manière. Les couleurs sont primordiales dans mon travail. C’est une dimension que je cherche sans cesse à explorer. Les sujets que je traite véhiculent une certaine tristesse. La mélancolie ou la joie qui se dégagent de mes photos dépendent aussi du regard du public.
Par exemple, pouvez-vous nous parler de l’histoire de la série Pieza Madre ? C’est un hommage à votre mère, n’est-ce pas ? Oui, elle est morte subitement à l’âge de 63 ans, en 2022. Elle était la personne la plus importante dans ma vie. La couleur jaune traduit le vide qu’elle a laissé ainsi qu’une profonde tristesse. Il s’agit d’une série de 63 photos qui parlent de notre relation. C’est ma façon de célébrer la personne que j’aime le plus au monde.
Qu’avez-vous voulu exprimer ou partager à travers ces œuvres ? L’amour et l’admiration.
En général, vos photographies semblent traiter de thèmes sombres (comme la mort ou la maladie) mais toujours avec une vision colorée et optimiste. Pourquoi ? En effet, je tiens à revenir sur mon expérience de manière positive, même si le sujet est sombre, sérieux ou difficile. J’essaie de me débarrasser de certains tabous et craintes. La couleur et l’optimisme caractérisent mon style et ma démarche.
Quelle histoire racontez-vous à travers la série The Social Hub ? C’est une réinterprétation de la ville où je vis, San Sebastián. J’ai également photographié des paysages et des lieux de façon très personnelle.
Plus généralement, où puisez-vous votre inspiration ? Il me semble que la région dans laquelle vous vivez, le Pays basque espagnol, compte beaucoup pour vous, n’est-ce pas ? Oui, ma patrie est très importante. Les paysages, les gens, la culture… m’inspirent beaucoup. J’aime ma terre et elle m’influence beaucoup, comme la musique et l’art. Je voyage et visite des expositions… Mais ce qui m’inspire le plus, c’est le quotidien, les gens que je rencontre, une promenade sur la plage. J’observe beaucoup ce qui se passe autour de moi.
Parmi notre sélection d’images, pourriez-vous en commenter une ? Toutes celles issues de la série Pieza Madre sont mes préférées, sans doute pour toujours. Elles comportent une dimension très personnelle. Elles marquent également une étape dans mon évolution et ma carrière. D’ailleurs, j’espère bientôt sortir un livre rassemblant ces créations.
À visiter / andoniberistain.com // @andoniberistain