Au Borinage
Dans les pas de Van Gogh
Le Borinage comme on l’a rarement vu, en tout cas loin des clichés parfois accolés à l’ancien bassin minier. Dans l’œil de la photographe Karin Borghouts, les paysages de cette région wallonne évoquent bien des peintures. Celles-ci n’auraient d’ailleurs pas déplu à un certain Vincent Van Gogh, inspiration majeure de cette série exposée dans les maisons où séjourna le maître de la couleur, à Cuesmes et Petit-Wasmes.
On avait découvert le travail de Karin Borghouts il y a quatre ans, à l’occasion de Vincent Was Here. Pour réaliser cette série, la Flamande avait photographié les lieux où vécut Van Gogh, de sa Hollande natale jusqu’à Auvers-sur-Oise où il rendit l’âme, en passant par le Borinage, déterminant dans son parcours. « Il est y arrivé en tant que pasteur, et c’est là qu’il est devenu artiste », rappelle l’intéressée… qui durant une résidence en 2018 est également tombée sous le charme de cette région. « La première chose qui attire l’attention ici, ce sont les terrils. Aujourd’hui recouverts d’une végétation luxuriante, ils témoignent d’un riche passé houiller, dit-elle. Il y aussi ces nombreuses maisons de mineurs qui se dressent encore dans les rues à flanc de colline. Même si c’est en train de changer, le temps semble s’être arrêté ».
L’âme de Vincent
De ses balades à travers ces paysages et villages autour de Mons, Karin Borghouts a ainsi saisi l’histoire silencieuse, parfois oubliée, du Borinage, en la croisant avec celle du peintre. Pour cela, elle s’est rapprochée des habitants, et n’a pas choisi ses modèles par hasard. Prédicateurs, propriétaires de café, fils de mineurs, artistes… « tous sont liés aux passions de Van Gogh, comme la religion, l’engagement social ou l’art. Chaque portrait raconte une histoire unique ». Cette série d’images montre aussi des lieux iconiques, telle l’ancienne gare de Pâturages, entre Wasmes et Cuesmes, où le génie néerlandais descendit en 1878. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la démarche de Karin Borghouts ne se résume pas à un travail documentaire. Elle brouille plutôt la frontière entre réel et fiction « pour laisser de la place à l’imagination du spectateur ». Prises avec un projecteur LED, ses photographies brillent « d’une lumière théâtrale, transformant le lieu en décor, en tout cas quelque chose de mis en scène, comme un tableau ».
À visiter / karinborghouts.be