Antoine Repessé
Déclic & collecte
Après l’anthropocène, sommes-nous entrés dans l’ère du “poubellocène” ? Selon la Banque mondiale, la production annuelle de déchets sur Terre dépasse désormais deux milliards de tonnes… et devrait franchir les trois milliards en 2050. Une catastrophe écologique magnifiquement mise en lumière par le Lillois Antoine Repessé, à travers une série photographique à découvrir à Liège.
Antoine Repessé n’est pas vraiment un cordon bleu. Il a longtemps dû sa “survie” à l’achat de plats préparés. Un jour de 2011, après avoir oublié de sortir les poubelles, il s’est rendu compte du nombre d’emballages qu’il générait au quotidien. Plutôt que d’apprendre à cuisiner, le photographe a creusé une autre idée : conserver ses déchets recyclables. Durant quatre ans, et avec l’aide de près de 200 personnes, ce Lillois a ainsi collecté quelque 70 m3 de détritus, stockant dans son appartement (entre autres) 1 600 bouteilles de lait vides, 4 800 rouleaux de papier toilette et des kilos de publicités. Une jolie « déchethèque » qui constitue la matière première de #365, Unpacked.
Emballez, c’est pesé
Pour réaliser cette série d’images, le Nordiste a trié chacun de ses emballages pour les entasser dans les pièces où ils sont généralement destinés : la salle de bain, les toilettes donc, la salle à manger… Ses clichés révèlent des montagnes de rebuts au centre desquelles posent des hommes, des femmes ou des enfants, submergés par ces morceaux de plastique ou de carton qu’on utilise chaque jour. Il en résulte des compositions aussi belles qu’effrayantes. Empruntant aux codes esthétiques de la publicité, celles-ci illustrent concrètement une lente invasion et, plus largement, l’absurdité des modes de consommation du désormais célèbre Homo detritus.