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Championnat de Belgique de lancer de sapin de Noël

© Asbl Motum

Vous ne savez pas quoi faire de votre sapin une fois les fêtes passées ? Confiez-le à l’asbl Motum. Ce comité de quartier sis à Auderghem, au sud de Bruxelles, lui offrira une seconde vie. En l’occurrence en le projetant dans les airs, le plus loin possible ! Né il y a une dizaine d’années, le très sérieux championnat de Belgique de lancer de sapin de Noël réchauffe l’hiver et la place Édouard Pinoy durant une soirée. Chaque mois de janvier, ils sont des centaines à tenter d’établir un record national. Samuel Serck, l’organisateur en chef, répond à nos épineuses questions…

Comment ce championnat est-il né ? Par le passé, les sapins usagés étaient directement brûlés sur la place Pinoy. Puis les pompiers ont interdit cette pratique, ce qui est bien compréhensible… L’épicier du coin, Lieven, qui est un grand fan de sport, a alors imaginé ce concours. Histoire d’offrir une seconde vie plus glorieuse à ces arbres, avant qu’ils ne finissent dans une vulgaire broyeuse. La première édition a été organisée en 2013 par les habitants du quartier. J’ai emménagé ici à ce moment-là et j’ai trouvé l’initiative très rigolote. J’ai d’ailleurs établi le tout premier record, avec un lancer à plus de 8 mètres 50… qui a depuis été explosé ! Puis je suis passé de l’autre côté, dans l’organisation. Petit à petit cette compétition est devenue un véritable championnat de Belgique. Chaque année on décerne un titre. C’est un événement sportif à part entière, mais avec énormément d’autodérision et de convivialité.

En quoi consiste-t-il exactement ? L’épreuve se déroule sur une piste, vous pouvez prendre votre élan mais il y a une ligne qu’on ne peut pas dépasser, en l’occurrence une petite latte posée au sol, sur des briques. Puis les concurrents lancent le sapin le plus loin possible. Un jury mesure la distance au laser, c’est pas de la blague ! Le record est détenu depuis 2019 par un participant régulier, Andy Hannon, avec 10 mètres 77.

Quelles sont les principales règles ? Le lancer doit être rectiligne, comme pour le javelot. La technique de l’hélicoptère, où vous faites tournoyer le sapin au-dessus de la tête, ou celle du marteau sont interdites. À part ça, tout est permis. Nous proposons cinq pistes dont une d’échauffement, où chacun peut s’entraîner, chercher le bon geste.

Qui peut participer ? Il y quatre catégories. Celle des enfants de moins de 12 ans, qui lancent une branche ou un petit sapin de deux kilos et demi. Du côté des adultes, les femmes projettent un arbre de cinq kilos et les hommes un autre de dix kilos. Il y a enfin un concours par équipes, de cinq à dix membres, souvent constituées de familles ou de bandes de copains. Le résultat de chacun est additionné pour donner le score final.

À combien de lancers a-t-on droit ? Un seul par personne, car certains sont tellement chauds qu’ils pourraient y aller dix fois, le concours se terminerait alors au milieu de la nuit ! Eh oui, ça joue la gagne !

D’où ces sapins viennent-ils ? Ils sont fournis gratuitement, on ne vient pas avec le sien car il y a des dimensions à respecter. Ils sont mesurés, pesés et calibrés avec précision. D’ailleurs, on n’achète ni ne coupe aucun arbre pour l’occasion. Deux ou trois jours avant l’événement on tourne dans le quartier avec une camionnette pour récupérer les sapins usagés. C’est du 100% local !

Combien en utilisez-vous ? Une soixantaine, ça permet un système de rotation sur les pistes. Car au fil de la compétition, les sapins perdent leurs épines, donc en poids, et ça pourrait fausser les résultats.

Combien de concurrents attendez-vous ? Tout dépend de la météo. Généralement on reçoit entre 30 et 40 équipes. Sur les bonnes éditions, on tourne autour de 1 000 participants. Ils viennent majoritairement du quartier Pinoy, et d’autres de beaucoup plus loin car l’événement titille les médias. Il faut aussi dire qu’en janvier, il ne se passe absolument rien : il n’y a plus de marché de Noël, le foot est à l’arrêt… On est dans le creux de l’hiver, les fêtes sont passées, et cet événement offre une peu de légèreté à une période de l’année souvent morose.

Propos recueillis par Julien Damien / Photos © Asbl Motum

Auderghem, 13.01.2024, Place Édouard Pinoy, 17h > 22h, gratuit, motum.brussels

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