Small is Beautiful
L’essence du détail
Ici un canard réalisé au crochet, là une peinture de dauphins, quelques origamis… Bon, rien de très nouveau nous direz-vous… Sauf que ces œuvres ne mesurent pas plus d’un centimètre, voire moins d’un millimètre ! Réunissant 18 artistes internationaux aux styles variés, des détournements culinaires de Minimiam aux microsculptures de Marie Cohydon, Small is Beautiful met à l’honneur de grands noms de l’art de l’infiniment petit.
Si le confinement a figé de nombreux secteurs d’activité, la créativité, elle, a connu un réel sursaut. Préparant à l’époque une exposition de scènes miniatures de Tanaka Tatsuya, qui n’aboutira jamais, le producteur d’événements Serge Victoria se tourne vers Instagram. Il découvre alors l’ampleur du phénomène small art. Eh oui, durant la pandémie, les artistes ont aussi cherché à tromper l’ennui. Ils ont utilisé ce qui leur tombait sous la main pour actualiser un art né durant l’Antiquité et sacralisé au Moyen Âge avec les enluminures des manuscrits. Une petite figurine par-ci, deux crayons de couleur par-là, et voici un diner façon Edward Hopper ! Conçue comme la vitrine d’un vaste panorama de l’art miniature exposé sur les réseaux sociaux, Small is Beautiful est ainsi lancée, à Paris, en 2021. Après un détour par New York ou Londres, elle pose ses valises pleines de micro-surprises sur la Grand-Place de Bruxelles.
Chérie, j’ai rétréci l’expo
À la manière d’un (dé)zoom, le parcours invite à admirer des oeuvres qui rétrécissent à vue d’oeil. Et celles-ci sont plutôt du genre ludique. « C’est fascinant de contempler notre monde à échelle réduite, comme si nous étions des géants, souligne Justine Grenier, assistante de production de l’exposition. Cet art nous ramène à l’enfance, une époque où l’on construisait des cabanes avec des draps ». Citons les astucieuses scénettes de l’Américain Derrick Lin, qui transforme une pile de livres posés sur un bureau en escaliers, ici gravis par un randonneur lilliputien. De son côté, Minimiam joue littéralement avec la nourriture. Ce couple franco-japonais chorégraphie des golfeurs perfectionnant leur swing en tapant dans les grains de sucre saupoudrés sur des donuts. On retrouvera d’ailleurs ces “balles” scratchées sur les murs, pour peu qu’on ouvre l’œil.
Et comment ne pas s’émerveiller devant les créations de Jasenko Dordevic ? Ce Bosnien sculpte des chefs-d’œuvre dans le graphite des mines de crayon de bois (ici un TGV, là un Spiderman) dont le diamètre ne dépasse pas le demi-centimètre ! On le voit, « l’art n’a pas besoin d’être monumental pour nous impressionner », confirme Laura Vanderkelen, manager de l’exposition. Le goût de l’observation et une bonne dose d’ingéniosité suffisent. En effet, la plupart des œuvres sont ici réalisées avec des objets du quotidien mais révèlent une sacrée richesse. Du grand art ? On peut le dire.