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Sens figuré

Tentation (c) Annabelle Ariane

Directrice artistique depuis une quinzaine d’années, puis musicienne à ses heures perdues, Annabelle Ariane s’est réellement plongée dans sa tablette graphique durant le confinement, pour « s’évader », dit-elle. Bien lui en a pris ! Originaire du Mans, installée à Nice depuis neuf ans, cette jeune maman de deux enfants illumine depuis les réseaux sociaux de ses portraits pop ou oniriques, épurés et colorés, et qui ne laissent jamais insensibles. Comment travaille-t-elle ? Quelles sont ses sources d’inspiration ? Suivez le fil.

Quand et comment avez-vous commencé à dessiner ? Je suis directrice artistique depuis plus de 15 ans. J’ai commencé à dessiner toute petite, mais m’y suis remise de façon digitale, sur tablette, depuis le confinement il y a trois ans. Avant cela, j’étais musicienne, en parallèle de mon activité, mais les concerts n’ayant plus lieu il me fallait un passe-temps me permettant de m’évader.

Vous venez d’une famille d’artistes, comptez notamment un grand-père peintre. Vous a-t-il initiée à son travail ? Effectivement, mon grand-père était artiste-peintre et professeur d’arts plastiques au collège, donc inutile de vous dire que j’ai eu droit à l’histoire de l’art en large et en travers, et surtout à son expertise implacable. Je lui ai rendu hommage, il y a quelques années, en lui organisant une exposition, car cela me tenait à cœur de le remercier.

Ariane est un pseudonyme, n’est-ce pas ? Oui, il provient de la mythologie grecque, l’histoire du fameux “fil d’Ariane” qui a permis à Thésée de retrouver son chemin dans le labyrinthe du Minotaure. C’est une sorte de fil conducteur. Mon grand-père fut le premier à porter ce pseudo, “Ariane”, puis ça a été au tour de mon père, animateur radio. C’est donc devenu une tradition familiale, et peut-être que mes enfants le porteront aussi, un jour.

Wanted (c) Annabelle Ariane

Wanted (c) Annabelle Ariane

De façon générale, comment définiriez-vous votre travail ? Mon style est un dérivé du pop art. Au départ, j’ai commencé à travailler avec des formes simples, en vectoriel comme avec un pochoir, mais la technique s’est affinée avec le temps pour laisser place à plus de détails… Le vecteur est une technique qui ne me facilite pas la tâche pour ce style, mais c’est justement le challenge et j’aime ce rendu à l’aplat, sans flou ni dégradé, juste des couleurs vives et intenses.

Pourquoi vous concentrez-vous sur les portraits ? Parce qu’ils me permettent de personnifier et de transmettre des émotions. Je choisis d’ailleurs mes modèles en fonction de cela.

Certains de vos portraits sont poétiques, d’autres reprennent des codes plutôt 90’s… Qu’est-ce qui motive la création d’une image ? Je suis uniquement guidée par mes émotions. Mon compte Instagram représente mon “mood” du moment. Je suis parfois nostalgique, et m’inspire alors de classiques de la pop culture. Mais je peux aussi être onirique, poétique, avoir envie de peps ou de douceur… Je suis mes envies, pour ne pas tourner en rond.

Néanmoins, la pop culture semble être une de vos inspirations, n’est-ce pas ? Oui, ça a été un moteur lorsque j’ai commencé à dessiner. Je suis une vraie geek dans l’âme et forcément influencée par la pop culture, au sens large : cinéma, BD, séries, jeux vidéo…

Luminescence (c) Annabelle Ariane

Luminescence (c) Annabelle Ariane

On reconnaît d’ailleurs des personnages de films et de séries dans vos oeuvres.  Justement, quels sont vos films et séries cultes ? C’est sans doute un cliché, mais je suis une grande fan de Star Wars. D’ailleurs, dans tous mes dessins, il y a une référence à la reine Amidala et ses deux petits points sur les joues, c’est devenu ma signature. Au-delà du clin d’œil, ils traduisent aussi une inspiration asiatique, représentant le Yin et du Yang, l’équilibre de chaque chose. C’est une thématique assez récurrente dans mes projets.

Concrètement, comment créez-vous les images que vous présentez sur les réseaux sociaux ? Tout commence dans mes rêves, c’est vraiment là que je trouve la plupart de mes inspirations. Ensuite je retranscris l’idée avec un croquis. Je cherche alors des images, me photographie souvent pour trouver les bonnes postures, puis passe au tracé, réalisant d’abord des zones d’ombre et de lumière. Enfin, je me concentre sur la mise en couleur et peaufine les détails.

Avisée (c) Annabelle Ariane

Avisée (c) Annabelle Ariane

Comment choisissez-vous vos couleurs ? C’est une grande partie de mon travail. Je change de palette tous les mois. Je les choisis en fonction du style et de l’humeur du moment. J’aime tester des textures différentes, ça me permet de faire évoluer mes dessins et de thématiser ma collection.

On remarque aussi un choix restreint de tonalités pour chaque image… Oui, je n’utilise pas plus de trois couleurs pour un dessin, avec leurs nuances. Je pense que c’est une déformation professionnelle issue de mon travail de graphiste. J’aime quand mes compositions sont épurées, ordonnées et qu’on ne s’éparpille pas.

Avez-vous déjà exposé votre travail ? Oui, dans ma région, mais je préfère que mon art soit accessible partout. Les réseaux sociaux restent ainsi ma principale galerie, ouverte sur le monde. De plus, depuis un certain temps, j’anime mes dessins, qui prennent vie sur le digital. Alors, pourquoi pas un jour monter une exposition avec des œuvres numériques en mouvement dans les cadres ?

Quelles sont vos envies aujourd’hui ? Je travaille beaucoup avec le milieu de l’édition et c’est ce qui me plaît le plus. J’ai réalisé des dessins pour une dizaine de livres cette année, mais aussi des affiches d’opéra en Italie, des illustrations animées pour la télévision (NBC), des pochettes d’albums pour des artistes à travers le monde, des créations pour Adobe, Vans… Bref, j’ai plein de projets et bien d’autres à venir.

Propos recueillis par Marine Durand

À visiter / anaariane.com // Sur Instagram : @anaariane.illu

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