Jacquie Maria Wessels
Voix de garage
À l’heure où nos voitures sont truffées d’informatique, et où l’ordinateur fait désormais office de clé à molette, que deviennent les garages à l’ancienne ? La photographe Jacquie Maria Wessels rend hommage à ces ateliers de réparation d’un autre siècle, avant qu’ils ne disparaissent.
De son propre aveu, Jacquie Maria Wessels n’y connaît pas grand-chose aux voitures, et encore moins à la mécanique. Tout cela est même « plutôt abstrait » pour elle. Par contre, la photographe néerlandaise est fascinée par les formes et couleurs peuplant les vieux garages. Voués à disparaître à mesure que nos autos s’électrifient, ces lieux tachés de cambouis se parent sous son regard d’une indéniable grâce. Du Maroc au Sri Lanka, de Cuba au Cambodge, l’Amstellodamoise a parcouru la planète pour magnifier ces ateliers emplis d’outils et d’accessoires hétéroclites, de moteurs désossés ou autres carcasses de tacots.
Parallélisme
Dénuées de présence humaine (si ce n’est quelques posters “olé olé”), ces images capturées à l’argentique évoquent les natures mortes de la peinture hollandaise du xviie siècle, et révèlent d’astucieux trompe-l’oeil. Ici un empilement de klaxons rappelle un bouquet de fleurs surréaliste, là un fatras de volants suggère une sculpture d’Alexander Calder… À Charleroi, cette exposition réunit d’ailleurs deux séries de l’artiste : Garage Stills et Fringe Nature – soit “nature marginale”. En effet, Jacquie Maria Wessels s’est aussi intéressée à la végétation reprenant ses droits autour de ces espaces en voie d’extinction. Le visiteur attentif remarquera alors des concordances entre ces deux mondes que tout semble opposer (entre un bouton de fleur et un écrou, une branche et un levier de vitesse) au fil d’une balade… bien huilée.