Ana Duje
En grande forme
Des personnages aux proportions délirantes, des compostions débordantes de couleurs, ponctuées de fleurs ou de smileys… Non, les œuvres d’Ana Duje ne passent pas inaperçues, et sont du genre pétillant. Désormais installée à Barcelone, cette artiste argentine s’est révélée avec un style minimaliste, combinant formes géométriques et palette vibrante, humour et bonne humeur, pour notre plus grand plaisir.
Quel est votre parcours ? Comment êtes-vous devenue illustratrice ? J’ai grandi en Argentine, dans une ville appelée Villa de Las Rosas, et j’ai 33 ans. J’ai étudié la publicité dans mon pays et commencé à travailler dans des agences de pub en tant que graphiste. Puis je suis tombée amoureuse de l’illustration en bossant sur des projets qui nécessitaient ce genre d’approche, et j’ai fini par devenir illustratrice freelance.
D’où vient votre goût pour le dessin, et cette façon de raconter des histoires en images ? De l’intérêt que j’ai pour tout ce qui est esthétique, je fonctionne au visuel. Cela m’amuse aussi de pouvoir créer des mondes imaginaires, ce qui est beaucoup plus facile avec l’illustration qu’avec la photographie par exemple – même si aujourd’hui, avec l’IA, tout est possible.
Pourquoi avez-vous décidé de déménager à Barcelone ? Dès mon plus jeune âge j’ai su que je vivrais à l’étranger à un moment de ma vie. J’ai choisi Barcelone un peu au hasard et je suis contente d’ y avoir atterri. J’ai beaucoup voyagé, vécu en Asie pendant deux ans puis suis retournée ici car j’aime profondément cette ville.
Vos origines et votre ville de cœur influencent-elles votre travail ? Oui, je crois que Barcelone et l’Argentine m’influencent de bien des manières, implicites et inexplicables, car elles font partie de ce que je suis en tant qu’être humain. J’essaie toujours de montrer ma fierté d’être argentine.
Vos images sont très colorées, on y perçoit votre sens de l’humour avec ce jeu sur les proportions des personnages, et elles ont un côté enfantin. Êtes-vous d’accord avec cette description ? N’importe quelle interprétation de mon travail est valable, mais si je devais le décrire, je dirais probablement que mes images s’appuient sur des formes épurées et simples. Elles célèbrent le corps humain sous toutes ses formes et tentent de transmettre un message positif, de diversité de formes et de couleurs. Mon style tend parfois vers un style enfantin, mais toujours avec une touche ironique, humoristique, voire étrange.
Comment a-t-il évolué ? Depuis que j’ai commencé l’illustration, je m’amuse à défier les lois de la physique en jouant avec les proportions, en imaginant des postures pratiquement impossibles. Mais si l’essence de mon travail n’a pas changé, mon style a évolué au fil du temps. Il n’est plus le même qu’il y a six mois, peu importe à quel moment vous lirez cette phrase. Je crois que changer, c’est grandir, et cela fait partie de l’instinct naturel que nous avons en tant que créatifs : essayer de nouvelles choses à chaque fois que nous sommes confrontés à un défi.
Quelles sont vos sources d’inspiration ? Je ne saurais pas définir une source précise. Parfois, c’est quelque chose que je remarque dans la rue, d’autres fois c’est une phrase, une chanson, une photo… Je pense que tous les artistes sont une source d’inspiration. Aujourd’hui, il y a tellement de gens talentueux qu’il est impossible de ne pas puiser chez les autres pour alimenter sa propre créativité.
Quelle est votre technique de travail ? J’utilise Adobe Illustrator et, en général, je travaille depuis mon canapé, avec mon ordinateur portable sur les genoux, directement avec le trackpad. Le résultat final est souvent totalement différent de ce que l’image était au départ. Je ne tombe pas amoureuse d’une idée, mais de son évolution : pour créer, il faut savoir jeter, oublier, tout effacer et recommencer si nécessaire.
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