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Fabrice Lamproye

Fabrice Lamproye© DR

Travis Scott, Kendrick Lamar, Booba, SCH, Niska, Disiz… Ne cherchez pas : cet été, toutes les stars du hip-hop sont aux Ardentes, à Liège ! En une quinzaine d’années, ce festival s’est imposé comme un mastodonte du genre en Europe. Longtemps installé dans le parc Astrid, le rendez-vous a pris l’an passé ses quartiers dans un champ, sur le site de Rocourt, doublant son affluence pour accueillir plus de 200 000 personnes. Comment la cité wallonne estelle devenue une capitale estivale du rap ? Fabrice Lamproye, codirecteur et programmateur de l’événement, nous explique tout.

Peux-tu nous rappeler la genèse du festival ? En 2006 émerge à Liège une scène electro importante, mais sans événement fédérateur. Devant ce constat, on décide de développer le projet avec Gaëtan Servais. La ville était partante et la première version des Ardentes, sous-titrée “electro-rock”, voit le jour avec le DJ allemand Sven Väth et Indochine en têtes d’affiche. Un démarrage sur les chapeaux de roues, avec du pop-rock en journée et de la techno à la nuit tombée.

Puis il y a eu un virage en 2015, n’est-ce pas ? Oui, après neuf ans sur ce format, on s’est concentrés sur les musiques urbaines, répondant à l’évolution de notre public. Jusque-là, on était tiraillés entre ceux qui réclamaient plus de rock ou davantage de hip-hop, avec à la clé des frustrations des deux côtés. On ne voulait pas être un festival comme tant d’autres avec une affiche hétéroclite. On a donc pris le parti des plus jeunes et développé notre programmation hip-hop pour atteindre 100% en 2019. Kendrick Lamar a été le premier artiste international à nous rejoindre.

Est-ce aussi une manière d’attirer un public international ? Oui, et surtout un public français. Il a représenté 40 % de notre audience en 2022 et frôle les 60 % des ventes cette année. En fait, on comble le manque de festivals hip-hop en France. Les Ardentes s’inscrivent dans la lignée des rendez-vous spécialisés qu’on trouve en Angleterre, en Suisse ou en Allemagne. Ils ont tous lieu à peu près à la même période, ce qui nous permet d’attirer des artistes américains, comme Travis Scott, ne tournant que quelques semaines par an en Europe.

On compte tout de même peu de femmes dans la programmation cette année… On nous a déjà fait la remarque en 2022, mais ce n’est certainement pas notre volonté. Les femmes sont tout simplement sous-représentées dans les musiques urbaines. On organise aussi le Mithra Jazz à Liège, en butte également au nombre restreint de musiciennes. On essaie néanmoins d’en intégrer dans la programmation à travers des actions spécifiques, par exemple en s’associant avec le concours français “Rappeuses en liberté” dont la gagnante joue aux Ardentes.

Koba LaD © Alexis Vassiviere

Koba LaD © Alexis Vassiviere

Quels sont tes trois coups de coeur parmi tous les artistes qui ont défilé aux Ardentes ? Je citerais Kendrick Lamar pour sa créativité, la richesse de ses albums et ses collaborations avec des musiciens de jazz. Je suis un fan de longue date et je l’écoute aussi chez moi, contrairement à d’autres artistes que je préfère voir sur scène pour l’énergie qu’ils dégagent. Travis Scott est aussi hors catégorie à mes yeux. Pour le reste, j’adore le rap anglais qui fait preuve de beaucoup d’innovation. Raison pour laquelle je me réjouis de voir Central Cee cette année. Sinon, au-delà des Ardentes, je reste un inconditionnel de Leonard Cohen et des Beatles, surtout l’album Abbey Road.

Quel artiste rêverais-tu de voir aux Ardentes ? Beaucoup sont déjà passés chez nous… Je dirais Drake et Eminem, qui appartiennent à la vieille garde.

Ta plus grande fierté depuis 2006 ? Honnêtement, je suis très fier d’intéresser autant de jeunes. La moyenne d’âge de plus de 80% du public se situe entre 16 et 25 ans, avec une majorité de 16-18 ans. Ça me tient d’autant plus à coeur que j’ai des enfants d’une vingtaine d’années. Rester en phase avec la jeunesse est très important pour nous. J’adore voir des parents hermétiques au hiphop prendre plaisir à accompagner leur progéniture. Il faut dire que notre festival est très bon enfant. L’esprit est cool, sans incident.

Et tes regrets ? Quand on ne parvient pas à attirer un artiste après des mois de négociations. Mais généralement ils sont de courte durée, car on rattrape le coup l’année suivante !

Quelles sont les nouveautés de cette édition 2023 ? Depuis l’année dernière, on dispose d’un site beaucoup plus étendu, et on en est ravis. On a juste prévu quelques ajustements par rapport à l’édition précédente, comme inverser la deuxième et la troisième scènes pour gagner en capacité et donc en fluidité. Il y a aussi des innovations côté camping avec une surface accrue et une formule plus chill avec plus de confort au niveau des douches. On prévoit aussi pas mal de cars au départ de la France et des passages de navettes plus proches de l’entrée.

Des bonnes adresses à nous conseiller à Liège ? Je n’y dors plus, mais j’y ai toujours ma maison familiale et mes enfants. J’aime cette ville pour son offre variée et étendue, et puis on peut tout faire à pied, du bar au ciné. Je recommande Lost in Sound, un vrai disquaire qui vend des vinyles, où on peut discuter de tous les styles. Parmi les nouveaux restos, Cabale et Magma me plaisent pour leur cuisine recherchée et leur atmosphère sympa. J’aime toujours autant les restos traditionnels comme L’Asti et Chez Silvano, qui traversent le temps sans rien perdre de leur qualité et de leur service.

Quelque chose à ajouter avant de clore cette interview ? J’aimerais signaler l’ouverture début octobre de l’OM, une nouvelle salle de concert de 1 700 places debout. Elle proposera une programmation du type Ancienne Belgique à Bruxelles, avec un supplément d’âme puisqu’installée dans un bâtiment de 1949, restauré par la ville de Seraing. Située à dix minutes de Liège, elle va nous permettre de programmer des artistes optant habituellement pour Bruxelles ou Anvers, faute de trouver une capacité suffisante en Wallonie. Un nouveau challenge en tant que directeur de l’asbl qui gère le Reflektor, et désormais l’OM.

(c) DR

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Propos recueillis par Virginie Dupont / Photo : Fabrice Lamproye © DR
Informations
Liège, Rocourt
06.07.2023>09.07.202312h30, 1 jour : 95€ • pass 4 jrs : 247€

Sélection / 06.07 : Ashe 22, Alonzo, Aya Nakamura, Disiz, Glints, Green Montana,  Hamza, Headie One, Jazzy Bazz, Kendrick Lamar, Khali, Lord Gasmique, Luidji, MadeInParis, Naza, Rowjay, Soolking, Tiacorine, Varnish La Piscine, Vladimir Cauchemar, Theodore, Yellowstraps, Yvnnis, Zkr // 07.07 : 8ruki, Aamo, Alkpote, Caballero & JeanJass, Favé, Geo, H La Drogue, Houdi, Kaaris, Josman, Le Juiice, Leto & Guy2Bezbar, Limsa, Maes, Makala, Mademoiselle Lou, Mairo, Maka, Menace Santana, Omah Lay, Rae Sremmurd, Roxane Peyronnenc, Sasso, SCH, Sto, Stony Stone, Thahomey, Travis Scott, WeRenoi // 08.07 : Aron, Bu$hi, Benjamin Epps, Bresh, Dinos, Djadja & Dinaz, Franglish, Gazo, Ice Spice, J Balvin, Kerchak, Lesram, Lous and the Yakuza, Lujipeka, MIG, Osiris Jack, Playboy Carti, Rema, Rounhaa // 09.07 : BB Jacques, Ben PLG, Booba, Bekar, Central Cee, DJ Snake, Doums, Freeze Corleone, Fresh, Ico, Kekra, Lorenzo, Luther, MetroBoomin, NES, Nej, Niska, Norsacce, SDM, Vacra

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