Kasimir Zgorecki
Saga Polska
Entre 1922 et 1939, Kasimir Zgorecki a réalisé des milliers de photographies de la communauté polonaise du bassin minier du Pas-de-Calais. Autant de portraits individuels et de scènes familiales, suggérant une réussite davantage idéalisée que vécue. Ces clichés relatent en noir et blanc une histoire à la croisée de l’intime et du collectif. Ils font l’objet d’une exposition au Louvre-Lens et d’un livre rendant enfin hommage à un corpus exceptionnel de 100 tirages, dont de nombreux inédits.
Arrivé en 1922 avec sa famille à Rouvroy, Kasimir Zgorecki (1904-1980) fait partie de la diaspora polonaise venue s’installer dans les bassins miniers du Nord-Pas-de-Calais et de Lorraine. Il s’agit de trouver un emploi, un avenir escompté meilleur… Il faut surtout satisfaire aux besoins de main-d’œuvre durant l’entre-deux-guerres, grâce à la convention franco-polonaise de 1919 “relative à l’émigration et à l’immigration”. « En 1931, ce sont ainsi plus de 500 000 Polonais qui travaillent en France, soucieux de s’adapter à leur pays d’accueil tout en perpétuant leur culture », rappelle Marie Lavandier, la directrice du Louvre-Lens.
De la mine au studio
Chaudronnier de formation, Zgorecki est d’abord mineur à la fosse 10 de Billy-Montigny. Mais au bout de six mois, il reprend le studio que son beau-frère exploite à Rouvroy. Celui-ci l’initie à une pratique focalisée sur le portrait de studio et en extérieur. Jusqu’en 1939, son succès est indéniable, lié au plein essor de la photographie et à la place de choix qu’il occupe au sein de “la Petite Pologne” du Pas-de-Calais. Pour donner des nouvelles au pays, Zgorecki immortalise la diaspora sous son meilleur jour. Scènes de mariage, devant une épicerie ou familles endimanchées dans un décor… Il faut suggérer la réussite sociale, tout en occultant les conditions de travail dantesques dans les mines et une intégration rude.
Trésor caché
Noir et blanc charbonneux, essais colorisés, sens évident de la mise en scène, regards intenses et rectitude des postures servent des images souvent bouleversantes, parfois drôles. Sans oublier les nombreux autoportraits décalés du Polonais. Signalons enfin que cette exposition n’existerait pas sans Frédéric Lefever. Petit-fils par alliance de Kasimir Zgorecki, c’est lui qui, en 1989, a découvert 3 700 de ses plaques de verre dans le grenier du studio de Rouvroy. Un trésor révélé, dans tous les sens du terme.
Site internet : http://www.louvrelens.fr/
Galerie du temps et Pavillon de verre :
Entrée libre et gratuite
Galerie d’expositions temporaires :
Tarif plein : 10€ / 18 – 25 ans : 5€ / – 18 ans : gratuit
Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h (dernier accès et fermeture des caisses à 17h15).
Fermé les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
A lire / Kasimir Zgorecki, photographier la Petite Pologne, éd. Light Motiv, 64 p., 23 €, editionslightmotiv.com