Penseur étoile
Farce attaque
Le jour, il travaille dans l’administration de la recherche scientifique, en Belgique. Mais une fois ses très sérieuses obligations remplies, ce « joyeux quarantenaire », né à Charleroi et aujourd’hui installé à Liège, devient Penseur étoile, régalant des dizaines de milliers d’internautes et de lecteurs avec ses calembours. “Flipper le défunt”, “Ehpad’Patrouille”, “Bach Friday”… Mais où va-t-il chercher tout ça ? Réponses.
On n’écrira pas qu’il est tombé dans la marmite du jeu de mots quand il était petit, mais c’est un peu l’idée. « Mon père en a toujours fait, mon frère aussi… c’est une affaire de famille », confie Penseur étoile. Par contre, l’autoproclamé “Grand Maître de l’ordre du calembour” s’avère « incapable de dessiner, dit-il. Je rate même les bonshommes-bâtons ! ». C’est donc en farfouillant sur le web qu’il déniche les images aux teintes sépia accompagnant ses fulgurances. En l’occurrence, « essentiellement des gravures, peintures et photos datant au moins du XIXe siècle, soit tout ce qui relève du domaine public ». En résulte un savoureux télescopage entre les époques, les cultures et surtout le fond et la forme. « J’adore ce décalage entre une image très désuète et un sujet contemporain », explique celui qui se qualifie volontiers de « mèmeur ».
Riez en pets
C’est par exemple ce “Moby Dick pic”, représentant le brave capitaine Achab en prise avec un cachalot taquin (“ce monstre me montre encore son horrible queue !”). Citons aussi ce “Porc d’Amsterdam” fumant une beuh qui “tape dur”, ce Jésus fêtant son retour en multipliant les binouzes (“Pâques de six”) ou encore cet “Aerofuji”, où l’une des 36 vues du Mont Fuji d’Hokusai lâche un petit “prout”. Simple, efficace. « Oui, j’essaie d’ajouter le moins de texte possible sur l’image, car une blague expliquée, c’est une blague qui meurt », insiste ce grand fan de Geluck ou des allumés suisses de Plonk et Replonk – mais pas franchement convaincu par l’IA, avec laquelle « tout finit par se ressembler ».
Une bonne droite
Dans cette orgie visuelle de contrepèteries, turlupinades, paronymes et autres détournements, on remarque également des compositions un poil plus cinglantes à l’endroit de la chose politique. C’est “Le Pen d’inéligibilité” ou ce coiffeur de “Fachosp’Hair” louant les “bonnes racines françaises”… « On ne va pas se le cacher, mes vannes sont toujours très à gauche, avoue Penseur étoile. Sans être moralisateur, c’est une manière de lancer de petites piques bien senties, dans une société qui se droitise, en Belgique comme en France ». C’est d’ailleurs le thème du troisième tome de ses aventures “litter’hair”. Après l’Abécéd’hair approxima’tif et le Dictionn’hair alterna’tif, voici donc le Gloss’hair revendica’tif. Soit une collection de quelque 120 planches un peu plus engagées donc, mais aussi peuplées d’animaux germanophiles (“Lémur de Berlin”), d’influenceurs chevaleresques (“Lancelot du Like”), de soldats du feu urophiles (“Soupeur-pompier”)… Bref, pourvu que ça dure !
_________________
À visiter / @penseuretoile
À lire / Gloss’hair revendica’tif de Penseur étoile (Bandes détournées) 128p., 17€, bandesdetournees.fr
















