Jules François Crahay
De l'ombre à la lumière
Un styliste surnommé le « Christian Dior belge oublié », forcément, cela intrigue. À Bruxelles, le Musée mode & dentelle braque les projecteurs sur Jules François Crahay, qui fut modéliste pour les plus grandes maisons de couture françaises durant la seconde moitié du xxe siècle.
Cruel destin que celui d’un couturier ne disposant pas de sa propre marque pour passer à la postérité. En son temps, Jules François Crahay (1917-1988) eut les honneurs de toute la presse, remporta par trois fois le Dé d’or pour sa créativité, officia quatre ans chez Nina Ricci puis signa une quarantaine de collections haute couture et prêt-à-porter pour la maison Jeanne Lanvin, entre les années 1960 et 1980. Le Liégeois habilla même Claudia Cardinale ou Jackie Kennedy. Pourtant, son nom ne dit plus rien à nos contemporains… Propriétaire d’un bel ensemble de créations griffées Crahay, le Musée mode et dentelle, piochant aussi dans les fonds du Palais Galliera, du Musée des arts décoratifs de Paris et du Patrimoine Lanvin, présente 65 silhouettes de ce génie du vêtement, au fil d’un parcours baptisé Back in the Spotlight.
Maître des coupes
L’exposition s’attache aussi bien à la patte du modéliste qu’à la vie de cet enfant de la balle (sa mère possédait un atelier de robes et de manteaux à Liège). Sans être un couturier de rupture, Jules François Crahay impose sa mode ludique, romantique, empreinte de folklore dans le choix des imprimés et marquée par une grande maîtrise des coupes. Robes du soir spectaculaires ou de cocktail mutines, tailleurs impeccables… ses pièces ne dénoteraient pas sur les podiums actuels, à l’image d’un superbe ensemble boléro et robe vichy en cannelé de soie sauvage. Qui mérite, lui aussi, toute la lumière des projecteurs.