Égypte, éternelle passion
À tombeau ouvert
L’Égypte antique a le vent en poupe, et ça fait 2 000 ans que ça dure ! Évidemment, à l’heure du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion et du centenaire de la découverte du tombeau de Toutankhamon, les expositions sur le sujet fleurissent. À Morlanwelz, le Musée royal de Mariemont offre un tout autre point de vue, en s’intéressant plutôt à la passion que suscite cette civilisa– tion à travers les âges. En clair, à notre indéboulonnable égyptomanie.
Le saviez-vous ? Le Musée royal de Mariemont possède la plus grande collection égyptienne de Wallonie – la seconde de Belgique. De Morlanwelz aux secrets des pharaons, il n’y a donc qu’un pas… et peut-être moins. Plus qu’un simple retour en arrière, cette exposition observe en effet comment l’Égypte ancienne irrigue littéralement notre quotidien. « On la côtoie depuis 2 000 ans sans presque plus la voir, pourtant elle est partout autour de nous », assure Arnaud Quertinmont, le commissaire. Le parcours ausculte ainsi notre égyptomanie par-delà les siècles et (c’est là toute son originalité) fait cohabiter « sans jugement de valeur ni hiérarchie » des pièces antiques avec des œuvres contemporaines et des objets de la culture pop… voire de votre salon. D’emblée, une statue de sphinx datant de quatre siècles jouxte de simples potiches produites en masse dans les années 1970 et « qu’on peut trouver chez votre grand-mère. D’ailleurs, celle-ci provient de gens des environs ».
Icônes en stock
Au fil de cette balade dans le temps s’acoquinent ainsi bandes dessinées et hiéroglyphes, pyramides et jeux vidéo, momies, films ou pochettes de disques (de Dalida, IAM, Iron Maiden). On croise également des figures bien connues, déclinées de toutes les façons. Tel Anubis, ce dieu à tête de chien jadis mal-aimé qui a trouvé une seconde jeunesse à l’écran (c’est l’une des vedettes de Stargate SG-1). Revu par le plasticien Léo Caillard, Ramsès II apparaît lui sous les traits d’un indécrottable hipster, avec ses lunettes de soleil et son casque Bose – quand il ne vend pas des cigarettes ou des préservatifs !
Par contre, Cléopâtre a plus de souci à se faire. Longtemps parangon de la féminité et du glamour, incarnée par les plus belles actrices du monde (on découvre à Mariemont une robe portée par Monica Bellucci dans le Mission Cléopâtre d’Alain Chabat), elle est peu à peu supplantée par une autre reine : Néfertiti. Reconnaissable à sa haute couronne conique, celle-ci est devenue un symbole de l’empowerment pour la communauté afro-américaine, des Black Panthers à 2Pac (qui se l’était tatouée sur la poitrine) en passant par Rihanna ou Beyoncé. L’épouse d’Akhenaton est devenue une icône du féminisme tout en étant très… gender fluid. En témoigne cette huile sur toile du Polonais Pawel Sobczak qui interroge les notions de genre en s’appropriant sa fameuse coiffe – donc sa féminité. Les mœurs et les époques changent, mais l’Égypte antique demeure éternelle.
Site internet : http://www.musee-mariemont.be/
Tous les jours sauf les lundis non fériés, avril > septembre, : 10h > 18h / octobre > mars : 10h > 17h