Tomi Ungerer
Une vie de brigand
Que connaît-on de Tomi Ungerer ? Assurément ses albums pour enfants, des Trois Brigands à Jean de la Lune, références absolues de la littérature jeunesse. Un peu moins ses illustrations caustiques, ses dessins érotiques ou son œuvre férocement engagée. Séance de rattrapage à la Fondation Folon.
On trouve entre l’aquarelliste belge Jean-Michel Folon (1934-2005) et l’auteur et illustrateur alsacien Tomi Ungerer (1931-2019) bien des points communs. « Ils ont quitté la France pour trouver la reconnaissance aux États-Unis après la guerre, avaient pour modèle le dessinateur américain Saul Steinberg, portaient un regard critique sur notre société », énumère Pauline Loumaye, responsable des expositions à la Fondation Folon. Il était donc naturel pour le musée du Brabant wallon d’accueillir cette exposition, soit 80 dessins sélectionnés dans un fonds foisonnant de 14 000 pièces.
Un engagement sans faille
Bien sûr, le parcours en dix thèmes s’arrête sur ses ouvrages jeunesse drôles et émouvants aux personnages atypiques, tel ce mutilé de guerre dans Le Chapeau volant. Mais on découvre aussi 60 ans de recueils satiriques, dont le savoureux The Party, moquant les soirées mondaines de New York, une vie de globe-trotteur, entre l’Amérique, la Nouvelle-Ecosse et l’Irlande, et une grande variété de techniques (gouache, collage, encre de Chine). Parce qu’on « ne peut comprendre les combats d’Ungerer sans connaître son enfance sous occupation allemande », un volet de l’exposition revient sur ses dessins de jeunesse, des caricatures de nazis. Ses affiches politiques, contre la guerre du Vietnam ou le ségrégationnisme, avec le poster choc Black Power / White Power (1967), racontent aussi un défenseur enragé (parfois incompris) des droits humains, et de la liberté d’expression.