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La science des rêves

A une vingtaine de minutes de Bruxelles, à la lisière de la forêt de Soignes, on trouve la fondation créée par Jean-Michel Folon (1934-2005). Dans cette ferme d’un château vieux de 175 ans est abritée 40 ans de création d’un artiste mondialement reconnu. Ce cadre verdoyant et son accessibilité toute relative nimbent de secret et de magie une oeuvre empreinte de poésie. Visite guidée.

Ses innombrables oiseaux, ses bonshommes bleus volants ou assis face à la mer ont fait le tour du monde. Jean-Michel Folon fut à la fois peintre, dessinateur, sculpteur, affichiste… « Il a aussi réalisé des tapisseries, des décors pour le théâtre, l’opéra… mais c’était avant tout un poète, glisse Stéphanie Angelroth, directrice de la Fondation Folon. Il a créé son propre vocabulaire, tel ce célèbre personnage en manteau et au chapeau, auquel chacun peut s’identifier ». Epurée, certes, son oeuvre est bien plus riche qu’on le pensa longtemps. C’est ce que l’on découvre ici. Cette institution est née de la volonté de l’artiste « qui craignait que son travail disparaisse ». Elle fut inaugurée en octobre 2000 et se situe dans la ferme du château de La Hulpe, au sein du Domaine Solvay. Ce parc de 227 hectares offre son lot de sentiers boisés et de belles perspectives. D’ailleurs, le natif d’Uccle y jouait souvent lorsqu’il était enfant, en cachette, alors que l’armée allemande occupait les lieux… Aujourd’hui, ce sont près de 500 pièces qui y sont exposées, parmi un fonds de quelque 4 500.

Pluie © Fondation Folon

Cabinet de curiosités

Pour y pénétrer, le visiteur doit d’abord ouvrir la page d’un énorme livre faisant office de porte. « Comme si on plongeait dans une histoire ». Constitué d’une quinzaine de salles, le parcours a été dessiné par l’artiste lui-même. Il invite à une déambulation onirique au sein de thématiques et techniques variées. Ici des encres colorées, là des sérigraphies, des timbres, sculptures, objets détournés… On admire aussi ses illustrations, qui firent le bonheur de The New Yorker ou du Time Magazine, les affiches de films de Woody Allen (La Rose pourpre du Caire, September)… Boudé dans son pays, c’est en effet aux états-Unis qu’il perça, dans les années 1960, avant de connaître une renommée internationale. En cours de route, on s’arrête dans une installation gigantesque. A l’intérieur de cette pièce couverte de miroirs, des yeux indiquent que nous sommes dans une tête : celle de l’homme bleu – dans ses rêves ? Sur un écran est diffusée une vidéo: c’est le générique signalant la fin des programmes d’Antenne 2, au mitan des années 1970, et ses fameux personnages aux longs bras flottant dans les cieux.

DUDH 5-©-Fondation-Folon

Regard critique

Le Bruxellois reste inclassable, même s’il est difficile de ne pas penser à Magritte devant cette statue en bronze tenant un parapluie… en eau ! « Oui, il y a sans doute un terreau surréaliste chez lui, mais il n’est attaché à aucun courant, cette liberté transpirait dans son travail ». Celui-ci est traversé par une mélancolie aux teintes pastel, empli d’humour, d’inventivité et de motifs schématiques. Enfantins ? « Les tons sont doux, certes, mais le message est parfois très fort ». Folon posait aussi un regard critique sur le monde. Le trait est simple, mais percutant. Ainsi, sa série sur la ville, représentée comme une jungle où s’égarent les hommes, traduit ses préoccupations face à la modernité galopante. Pas besoin de longs discours, non plus, pour comprendre La Mort d’un arbre, aquarelle figurant un tronc coupé à sa base et ses racines profondément enfouies dans la terre… « Les choses sont faites pour s’envoler, vivre leur propre vie », aimait-il dire. Il se trompait. Son oeuvre reste ancrée dans notre quotidien.

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Fondation Folon La Hulpe – Ferme du Château de La Hulpe, Drève de la Ramée 6A, mar > ven : 9 h > 17 h, sam & dim : 10 h > 18 h, 9 > 5 € / gratuit (-6 ans), fondationfolon.be

Julien Damien
Antonio Seguí © Jean-Claude-Planchet

Antonio Seguí © Jean-Claude-Planchet

Peyo, avant Antonio Seguí

En sus de sa collection permanente, la Fondation Folon accueille des expositions temporaires, en lien avec la production de l’artiste. Après Peyo, autre immense créateur belge (et finalement assez méconnu), c’est l’Argentin Antonio Seguí qui est mis à l’honneur. Entre pop’art et figuration narrative, celui-ci s’est rendu célèbre par ses personnages à chapeaux (tiens tiens) traversant de grandes villes. Collages, peintures ou sculptures… Cet accrochage révèle une oeuvre colorée, ironique et critique.

Peyo, A Restrospective – jusqu’au 03.09

Antonio Seguí – 14.10 > 04.02.18

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