Disgusting Food Museum
Souper décalé
En panne d’idées pour le repas de Noël ? Le réveillon de la Saint-Sylvestre ? Laissez tomber la dinde aux marrons et les sempiternelles huîtres. Pour vous, on a cherché l’inspiration du côté de Malmö, en Suède, dans les allées odorantes du Disgusting Food Museum. Au menu : pénis de taureau ou fromage aux asticots. Dégustation à la bonne franquette.
Ouvert en octobre 2018, le Musée des aliments dégoûtants nous sert quelque 80 mets parmi les plus incongrus (pour rester poli) de la planète. On y découvre, au choix, les graines de soja fermentées (bien filandreuses, humm, au poil pour les Nippons), les foetus de canard (un hit aux Philippines), l’alcool aux cadavres de souriceaux (avec modération)… « La plupart de ces produits sont vrais, précise Samuel West, le fondateur de cette noble institution. Beaucoup sont odorants et certains peuvent même être dégustés sur place ». Personnellement, notre hôte a un faible pour la chair de requin islandais (pourrie bien sûr, « ça sent la mort et l’ammoniac ») ou le casu marzu, « un fromage italien infesté de larves de mouches. Les asticots peuvent sauter jusqu’à 15 cm, vous devez donc vous couvrir les yeux lorsque vous le mangez ! ». Miam…
Banquet ou banqueroute
Mais pourquoi vouloir nous retourner l’estomac ? « Je me suis toujours intéressé aux concepts négligés, et le dégoût reste la plus délaissée de nos émotions, explique ce docteur en psychologie, déjà créateur du Musée de l’échec. Elle est pourtant universelle et influence notre vie de nombreuses façons : notre comportement sexuel et même notre morale ou nos lois ». Certes, mais tout cela ne serait-il pas une affaire de culture ? « Oui, et c’est le but de cette exposition : démontrer que le dégoût n’est pas objectif. Nous aimons la nourriture avec laquelle nous avons grandi. Dévorer une araignée ravit certaines personnes mais donne envie de vomir à d’autres ».
Au delà de son aspect amusant, le Disgusting Food Museum défend ainsi une noble cause. « Notre production de viande est insoutenable du point de vue environnemental, il est donc urgent d’envisager d’autres solutions. Beaucoup de gens sont écoeurés à l’idée de consommer des insectes, par exemple. Changer cette perception faciliterait la transition vers des sources de protéines plus durables ». Ne reste plus qu’à finir sa soupe de chauve-souris…
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