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Gestion de matrimoine

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Les inégalités entre les sexes ne sont plus à démontrer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon un rapport de l’Unesco, les femmes effectuent 66 % du travail et produisent 50% de la nourriture, mais ne perçoivent que 10 % des revenus et détiennent au mieux 1 % de la propriété… La compagnie Voulez-vous ? se saisit de cette injustice à sa façon : décalée, mais pas moins pertinente. Depuis 2018, ces Lillois.e.s réhabilitent les grandes dames qui ont marqué l’histoire culturelle, politique ou artistique de nos villes. De Roubaix à Armentières, la troupe organise des visites guidées sur-mesure dans les rues, révélant un matrimoine invisible, mais pourtant bien réel.

Née en 2012 à Lille, la compagnie Voulez-vous ? magnifie souvent des personnalités en marge. Citons la diva underground déchue de Frigide (d’après Copi), Éric Moussambani, le nageur novice et moqué lors des JO de Sidney en 2000 (Eric l’Anguille) ou l’éboueur révolutionnaire du Seigneur des porcheries de Tristan Egolf (en 2021, dans tous les bons théâtres). « Nos héros un peu étranges cachent une souffrance, explique la metteuse en scène, Camille Pawlotsky. Mais au fil de nos récits, ils se libèrent de leurs peurs et du regard des autres ».

Qu’ils soient présentés en solo, en déambulation, sur scène, avec des majorettes ou dans des lieux improbables (une piscine !) « nos spectacles s’achèvent par une grande fête avec le public ». Les sujets sont graves (l’exclusion, l’homophobie latente…) mais le ton souvent burlesque. Plus engagés que jamais, ces Nordistes ont fait de la lutte contre l’inégalité entre les hommes et les femmes leur nouveau cheval de bataille.

Lille-Sud © Daniel Pieruzzini

Lille-Sud © Daniel Pieruzzini

Droit de (re)visite

Suite à une proposition du collectif H/F (voir ci-dessous), la compagnie organise en effet des “marathons matrimoines”. Soit des balades pas tout à fait comme les autres, dans toutes les villes d’accueil. « Les spectateurs pensent participer à une visite patrimoniale classique, menée par un guide qui met à l’honneur les grands hommes de l’Histoire… Mais soudain ses collègues féminines, jusque-là bien sages, détournent son programme ». Dès lors, exit les sempiternels exploits de ces messieurs. Les comédiennes mettent cette fois l’accent sur des dames remarquables, en relatant ou rejouant leurs faits d’armes au fil de la promenade- spectacle.

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Rétablir l’équilibre

A Roubaix par exemple, on célèbre Suzanne Noël. Chirurgienne durant la Première Guerre mondiale (« parce que son mari l’avait autorisée à suivre des études… »), cette native de Laon (Aisne) réparait les gueules cassées, et devint une pionnière de la chirurgie esthétique – Sarah Bernhardt rajeunira sous son scalpel. Pourtant, aujourd’hui, « une seule allée porte son nom ». Outre l’Amandinoise Louise de Bettignies ou Françoise Giroud il s’agit, aussi, de s’intéresser aux super-héroïnes bien vivantes, des citoyennes engagées ou sportives : la multiple championne de France de marche Fatiha Ouali, la semi-marathonienne Zahia Dahmani, la rugbywoman internationale Dalila Boukerma… toutes nées dans le Nord – et pas de la dernière pluie. « En France, 2% des rues, parcs ou bâtiments ont un nom féminin. Même Marie Curie n’est jamais seule, toujours accolée à son mec !, s’indigne Camille. Cela insinue clairement que les filles n’ont pas droit à la postérité ». Pourtant, ce ne sont pas les grandes figures, les héroïnes qui manquent…

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Collectif H/F

Où sont les femmes ? C’est la question posée par le collectif H/F Hauts-de-France. Depuis 2016, cette association dénombre la proportion de femmes et d’hommes sur nos scènes artistiques conventionnées – donc financées par l’argent public. Selon un rapport de janvier 2018 du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, les filles sont en effet majoritaires dans les écoles d’art (60%) mais ne représentent que 20% des artistes programmées, des dirigeantes de structures culturelles, et même 10% des artistes récompensées. Les Hauts-de France n’échappent pas à cette injustice et, selon un dernier recensement, la proportion des dames oscille entre 9 et 28% dans la programmation des salles de concert, et de 25 à 46% dans nos théâtres.

A visiter : hf-npdc.blogspot.com

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Photos © Noms peut-être !

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Julien Damien
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