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Recette miracle

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Enora Lalet a toujours aimé jouer avec son assiette. « Petite, j’élevais des montagnes avec ma purée, prenais ma fourchette pour un râteau… ». Comme tout bout de chou qui se respecte ? Oui, mais la Française a fait de cette répréhensible activité… son métier. Diplômée en arts plastiques et en anthropologie, cette “plasticienne culinaire” use des aliments comme un peintre son pinceau. Sa palette ? De la barbe à papa, des artichauts, des fruits, du chocolat… bref, tout ce que la planète produit de comestible, « sauf les viandes et les poissons » précise-t-elle en bonne végétarienne. Pourquoi la nourriture ? « C’est un matériau très riche visuellement mais aussi symboliquement : il représente tous les tabous de nos sociétés, liés à la culture, à l’éducation… Selon la classe sociale ou l’époque, on ne mange pas de la même façon et c’est plutôt drôle de détourner ces codes ! ». afroazucar-enoralalet-rafaelbossiofotografia-2017-colombieLa Bordelaise parcourt ainsi le monde en quête de denrées, pour façonner des coiffes ou les déposer sur le visage de ses modèles. Jouant avec les couleurs et textures, ses “portraits cuisinés” combinent bodypainting, scénographie, couture (les fonds sont en tissu), photo et pas mal d’heures d’épluchage ou de découpe ! Pour autant, ses oeuvres ne se dévorent pas seulement avec les yeux. Enora Lalet s’illustre aussi avec ses “buffets suspendus”. Conçues pour des vernissages ou festivals, ces installations font léviter les fromages ou couler les sauces, transformant la table en terrain de jeu. « C’est à la fois régressif et pictural : on se sert avec les doigts et tout se mélange, à la façon des toiles de Pollock ». À déguster sans modération !

 

À LIRE AUSSI : L’INTERVIEW DE ENORA LALET

Julien Damien
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