David Stewart
Hors Cadre
A travers ces clichés emplis d’humour, David Stewart fait honneur à ses racines anglaises et au fameux « nonsense ». Il nous parle de la naissance de sa vocation, de son amour des Ramones ou des Clash et décortique avec nous ce travail certes alternatif, mais pourtant bien ancré dans le réel. Explications.
Comment présenteriez-vous votre travail ?
En quatre mots : les gens, surréaliste, humour, anglais. Quand on regarde mes photos pour la première fois, tout semble normal, puis quelque chose doit capter votre attention et vous impliquer. Chaque scène comporte différents niveaux de lecture. Je souhaite que mes images soient interprétées de différentes manières.
Comment êtes-vous devenu photographe ?
J’ai d’abord étudié le génie civil mais je me suis vite aperçu que je n’étais pas du tout intéressé par le sujet. J’ai alors commencé à photographier des groupes qui jouaient dans les clubs du nord de l’Angleterre. Le résultat était assez moyen, mais c’était tellement plus excitant que l’ingénierie.
On lit souvent que vous avez rencontré les Ramones et les Clash…
J’étais simplement dans le public avec mon appareil, en tant qu’amateur, mais il est vrai que je les aimais beaucoup. A l’époque du punk, les groupes jouaient souvent sur de petites scènes. Cela me permettait de les approcher, de saisir des instants. Mes compétences étaient assez limitées et je ne contrôlais pas vraiment les images, mais j’adorais le résultat même s’il était moyen.
Cette expérience a-t-elle influencé votre style ?
Cette expérience a révélé mon goût pour la photo, l’envie d’en faire mon métier. Peut être cela a-t-il a influencé mon style quelque peu alternatif, tout comme la musique de l’époque.
Quelles sont vos influences ? Vos sources d’inspiration ?
Je suis influencé par les gens autour de moi et la culture environnante. Il n’y a rien de plus étrange que la vraie vie, surtout au Royaume-Uni.
Qu’est ce que vous essayez de capter, par exemple, chez les adolescents ?
Etre entouré d’adolescents (mes fils, filles et tous leurs amis) m’a appris à mieux les connaître. J’ai pensé que ça méritait de se documenter.
Et quelles sont les caractéristiques de l’adolescence en 2015 ?
Ils manquent de confiance en eux ou d’assurance, sont à la recherche de quelque chose à suivre, indécis, accablés par la technologie, « antisocial networker », obsédés par ce que font les autres.
Comment définiriez-vous votre sens de l’humour ?
Je pense que l’humour qui se manifeste dans mon travail est très anglais. Cet esprit peut être perçu comme excentrique et bizarre ou original.
Comment peut-on l’identifier dans votre travail ?
Je force le trait humoristique pour la publicité et reste plus subtil dans mes travaux personnels, même dans les titres. Dans le projet « Fogeys » par exemple, des jeux de mots renvoient à l’image comme « Six feet under » (les trois hommes qui ont les pieds dans la tombe). Je cultive une touche surréaliste comme dans « Thrice Removed Work ». Mais, d’une façon générale, je pense toujours qu’il n’y a rien de plus étrange que ce qu’on voit dans la vraie vie.
Qui sont vos modèles ? Comment les choisissez-vous ? Qu’attendez-vous d’eux ?
Certains sont des gens que je connais, d’autres passent un casting pour illustrer un thème, un projet précis. Certains trouvent mes portraits cruels et tendres. Il est vrai que je taquine mes sujets mais en réalité je les aime. La preuve, dans « Thrice a Removed », la photo de l’ado avec ce poisson au bout d’un bâton, c’est ma fille à l’âge de 14 ans.
Sur le plan technique, quelles sont vos préférences ?
Je privilégie le grand angle (8×10 Tachihara ou Sinar), les grands formats et pas le numérique. Cela suppose de réfléchir davantage. Utiliser le digital requiert moins de compétences et rend les gens paresseux. Les photographes qui se concentrent sur le traitement de l’image cachent souvent un manque de contenu.
Quels sont vos projets ?
Continuer sur ma lancée, je m’amuse beaucoup et j’espère que cela plaît à d’autres. Je pense que la photographie et le film vont d’avantage se croiser. Tous mes projets comprendront une forme d’image en mouvement. Photographier les gens m’intéresse toujours autant et je cherche toujours le prochain groupe dont je pourrais me moquer gentiment.
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