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Et Dom créa la femme (en latex)

Mannequin

C’est LE produit qu’Arnaud Montebourg a raté lorsqu’il était le VRP du « made in France » : la poupée qui ne dit jamais non. Sous ses faux airs de Dodo la Saumure (« un bon copain », dit-il), Dominique, 58 ans, reste un artisan (presque) comme les autres. Son usine, Domax, est la dernière en Europe à fabriquer des poupées gonflables en latex naturel.

Seul face à la concurrence asiatique qui inonde le marché du sexe factice, le Nordiste veut croire qu’il a de beaux jours devant lui. « Les Chinois font dans le plastique et le silicone. C’est sophistiqué mais c’est pas beau, grimace-t-il. Aujourd’hui les gens reviennent à la qualité, aux produits du terroir, je pense que j’ai encore ma place ». Dans ce discret atelier de 400 m2, niché au fond d’une ruelle de Courcelles-lès-Lens (Pas de Calais), Dominique façonne en moyenne 900 demoiselles par an. Blondes, brunes ou rousses, celles-ci ont pour modèle une star du X des années 1970 aux mensurations parfaites : 90-60-90. Elles se déclinent en différents spécimens* dont la full doll, fourrée avec des billes, demeure la plus surprenante : « on lui masse les cuisses ou les hanches et hop, les seins grossissent ! »  Il est comme ça Dominique : tout en gouaille, « sans tabou », et dur à la tâche. Il s’échine « 15 heures par jour » dans sa PME où il fait quasiment tout, tout seul.

Oh my god !

Ses clients sont surtout des professionnels (auto-entrepreneurs, gérants de show-rooms). Il livre ses poupées en Autriche, en Allemagne, en France, en Suisse… et négocie actuellement un nouveau marché dans un pays du sud. Son entreprise est donc pérenne : « je fais un peu de bénéfices, j’en vis, sans m’enrichir ». Avant de jouer les Dr Frankenstein du latex, Dominique fut boulanger durant 27 ans, puis s’est improvisé patron de discothèque. En 2004, un ami lui a proposé de reprendre cette affaire. Forcément, il a dit oui. « Je suis un bon vivant,  j’aime la bouffe et le cul ! ». Père de cinq enfants, séparé cinq fois, il est désormais marié à une strip-teaseuse de 25 ans avec laquelle il « fait les salons ». Il y vend sa marchandise, aussi composée de sex-toys (150 modèles). Dominique n’a finalement qu’une limite : « le porno, je trouve ça malsain, s’offusque-t-il quand on lui demande. Moi, je fais dans l’érotisme ! Après, j’ai des copains qui font des films hard, j’y vais pour regarder… ». Pas faux-cul pour un poil, contrairement à ses créatures.

*les prix varient de 219 à 700€

Texte Julien Damien Photo Cécile Fauré

Secret de fabrication. Après avoir lavé les mannequins avec du sel de calcium, Dominique les trempe pendant 5 minutes dans une cuve de latex avant de les laisser sécher 24 heures. Le démoulage est la partie qui réclame doigté et minutie car les poupées sont sans couture et la matière capricieuse. Reste ensuite à assembler les têtes conçues chez un sous-traitant à Auxerre et à ajouter un léger maquillage. Voilà, le tour est joué !

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