Chet Faker
Flamme à barbe
En 2010, on soulignait l’apparition d’un songwriting électronique à l’aune du deuxième album de Matthew Dear. L’année suivante, James Blake paraphait notre thèse d’un premier opus encore plus sombre. C’est en 2012 qu’est apparu le pendant solaire de la lignée, sous une barbe brûlée par le soleil australien.
Quand Nicholas James Murphy débarque en Europe, il est déjà une star dans son Océanie natale, sous l’alias Chet Faker. Ce nom parodique, son jeune âge et sa reprise de No Diggity, popularisée par une pub diffusée pendant le Superbowl aux Etats-Unis, ne sont alors en France que de fragmentaires informations partagées sur Facebook dans des buts variés : culture du souvenir de Blackstreet (boys band new jack de la fin du siècle dernier), clin d’oeil patronymique au James Dean du jazz, ou vénération très hipster d’une barbe remarquablement fournie. C’est avec la sortie de l’album Built On Glass, en avril dernier, que la focale s’est véritablement fixée sur l’Australien et sa vraie condition de crooner d’un nouvel âge. Chet Faker y règle son compte aux prédictions de « One Hit Wonder » le concernant et fait complètement oublier le côté gaguesque de son pseudonyme, tutoyant sans complexe son collègue Flume. Il déploie sur un paradigme électro-soul une voix cousine de celle de James Blake qui effleure de multiples influences, de la house au jazz west coast. Un éventail dévoilé seul sur scène, dans un artisanat numérique qui confirme bien ce qu’on pensait en 2010.