Pierre Josse
Sur la route des Flandres
Né à Dunkerque en 1931, Bernard Pouchèle, fut tour à tour instituteur, employé de commerce, marin, avant de prendre les routes et de consigner ses souvenirs. Entre ce Flamand voyageur et le breton Pierre Josse, fondateur du Guide du Routard et globetrotter averti, le courant ne pouvait que passer. Après huit ouvrages co-signés, le tandem aux semelles de vent a parcouru les terres natales de Pouchèle, au soir de sa vie. Un magnifique témoignage et de belles (re)découvertes.
Entre Bernard Pouchèle et vous, c’est une longue histoire…
Oui, je l’ai rencontré dans les années 80 lors d’un salon du livre à Paimpol, en Bretagne. Et nous sommes devenus amis. Plus tard, il a travaillé avec moi pour le Guide Du Routard, et nous avons signé des livres sur les estaminets. Mais là, c’est différent : Bernard abordait cet ouvrage sur la Flandre comme le dernier, de manière plus intime. Il revenait enfin en Flandre par le meilleur moyen qui soit, l’écriture.
Les estaminets sont, une fois encore, très présents dans cet ouvrage
C’est vrai. Cette région possède des endroits incroyables, comme Chez Wally, un fameux estaminet dont le patron est fan d’Elvis. On y retrouve toutes les classes sociales, les gens se rencontrent, dansent, c’est bon enfant. Une anecdote : à Caestre, Pouchèle entend parler flamand, langue qu’il n’avait pas pratiqué depuis plus de soixante ans. Soudain, au contact des gens, le langage commun est revenu. Un Tour de Flandres est donc une sorte d’archéologie de la mémoire, celle de Pouchèle bien sûr, mais aussi celle d’une certaine Flandre qui disparaît.
Le dialogue s’installe entre la Belgique et la France, entre le texte et l’ image, aussi…
Les paysages ont beaucoup à raconter. Les lumières du Nord sont formidables. Pour la première fois dans nos livres communs, nous avions d’abord le texte. J’ai donc donné carte blanche à l’éditeur pour retenir les photographies en accord avec les mots. Puis, je suis revenu dans la région pour prendre de nouvelles images – il aurait été dommage que le canal de Bergues n’y figure pas, par exemple.
Ce livre saute d’un côté et de l’autre de la frontière. Sera-t-il distribué en Belgique ?
Oui. Il ne sera pas traduit, mais sera diffusé dans toute la Belgique. Ce livre est un voyage intérieur. Et malgré la franchise dans le ton, c’est à la fois un roman et une autobiographie. Une sorte de testament littéraire.
« C’est un roman, une autobiographie et un testament littéraire »