David Hockney
Grandeur nature
Peut-on encore porter un regard neuf sur l’œuvre de David Hockney ? Of course ! Tout juste auréolé d’une vaste rétrospective à la Fondation Louis Vuitton, le travail du Britannique se dévoile sous un tout autre angle au Musée des beaux-arts de Mons, qui explore son lien, puissant, avec la nature. Ce n’est pas tout : aux créations de cette star de l’art contemporain se mêlent aussi musique, poésie ou toiles d’autres grands maîtres de la peinture, tel Vincent van Gogh. Oui, rien que ça.
À bien y regarder, il y a plusieurs David Hockney. Celui de la coolitude californienne des sixties et son mode de vie hédoniste, avec notamment la série des Pool Paintings et l’iconique A Bigger Splash, confinant à l’abstraction. Et puis il y a l’arpenteur de paysages, qu’il saisit à la façon des impressionnistes, de l’immensité du Grand Canyon à l’intimité de son jardin et de la campagne normande, où il s’est établi en 2019. « Il est tombé dans la nature comme Obélix dans la potion magique », image Xavier Roland. Mieux, l’artiste anglais nous entraîne avec lui dans ses flâneries, en multipliant les points de fuite. « Il n’y a jamais une seule perspective dans ses œuvres, rendant impossible pour le regardeur d’embrasser un panorama d’un point de vue unique. Nous sommes donc à chaque fois obligés de nous déplacer, d’impliquer notre corps, analyse le responsable du Pôle muséal de la ville de Mons. Cette construction de l’espace très particulière nous immerge constamment dans la peinture et le monde réel, en l’occurrence la nature ».
Symphonie visuelle
Plus qu’une “simple” exposition, Le Chant de la Terre offre ainsi une expérience sensible de notre environnement. Et même « polyphonique », ajoute Xavier Roland. Intitulé en référence à l’une des plus émouvantes symphonies de Mahler, hommage à la fragilité de la nature et de l’existence, ce parcours initie un dialogue entre peinture, musique et poésie. Présentant des créations d’hier et d’aujourd’hui, de ses huiles sur toile à celles exécutées à l’iPad, de ses aquarelles à ses murs d’écrans vidéo, l’accrochage reflète le passage du temps. On perçoit ici le cycle des saisons, la vibration des couleurs et la renaissance de la nature au printemps. Par endroits, d’autres peintres viennent ponctuer par petites touches (ou notes) cette sonate visuelle. Il y a là des tableaux de Constantin Meunier, d’Edvard Munch, ou encore ceux d’un autre grand promeneur : Vincent van Gogh, dont les natures mortes florales sont mises en regard de celles d’Hockney. Voilà un joli symbole. En 2015, le Néerlandais fut la grande figure de Mons, lorsqu’elle fut désignée capitale européenne de la culture. Dix ans plus tard, cette exposition prouve que la cité wallonne n’a rien perdu de son ambition.









