Home Reportage Cimetière du Dieweg

Mortelle randonnée

© Cercle d’Histoire d’Uccle

C’est une balade hors du temps, entremêlant histoire, nature luxuriante et patrimoine d’exception. Créé en 1866 à la suite d’une épidémie de choléra, le cimetière du Dieweg est désaffecté depuis 1958. Voilà donc près de 70 ans que la nature reprend tranquillement ses droits sur ces tombes et allées aux allures de jardin anglais. S’il est connu pour abriter une importante partie juive, ce lieu situé dans la commune d’Uccle (sud-ouest de Bruxelles) offre surtout l’une des promenades les plus insolites de Belgique.

Des ferronneries rouillées, des allées recouvertes de feuilles, des stèles dévorées par le temps et la végétation… Parcourir le cimetière du Dieweg, c’est plonger dans une atmosphère (très) particulière. Les épithètes en “ique” affluent : gothique, poétique, mélancolique, postapocalyptique… « et même un peu romantique », ajoute Éric de Crayencour, membre du Cercle d’Histoire d’Uccle, qui loue la sérénité des lieux. « C’est un endroit très calme, une enclave dans le bruit et la circulation de plus en plus prégnante à Bruxelles. Beaucoup viennent pour méditer ou observer la nature ».

Le décor est planté

Au sein de ce site classé depuis 1997, qui « contente à la fois les historiens et les écologistes », de nombreux oiseaux, insectes et même quelques renards prolifèrent au centre d’une flore débordante (on y compte plus de 200 espèces de plantes) et d’un patrimoine funéraire d’exception. Statues, colonnes, arches ou chapelles se dressent entre les branchages et le lierre dans des styles néogothiques, néoclassiques, art nouveau… « Certains reliefs évoquent la Grèce antique », observe notre guide, qui déniche régulièrement de « petites merveilles » architecturales. Ces belles pierres reflètent à bien des égards le faste de la bourgeoisie de l’époque. Parmi les près de 40 000 âmes reposant sous ces trois hectares de surface, on compte ainsi de nombreuses personnalités politiques ou artistiques, qui pour certaines ont fait l’histoire du plat pays.

La tombe de Hergé © Luc Viatour

La tombe de Hergé © Luc Viatour

RIP, Hergé

Il y a par exemple le majestueux mausolée de la famille Allard, qui frappa durant trois générations la monnaie de Belgique. Citons aussi (entre autres !) la sépulture du baron Pierre de Crawhez, « créateur de la première course automobile sur circuit, en 1902 », ou encore celles du grand architecte Jean-Pierre Cluysenaar, de la féministe belge et pédagogue Isabelle Gatti de Gamond… Au milieu de ce gratin, on trouve également la tombe d’une certain Georges Rémi aka… Hergé ! Eh oui, c’est bien ici que fut inhumé, en 1983, le père de Tintin, qui résidait à Uccle et bénéficia d’une dérogation spéciale pour y reposer. Si sa dernière demeure est assez modeste, son pouvoir d’attraction reste immense. « C’est le lieu le plus visité, beaucoup ne viennent que pour lui avant de repartir aussitôt ». Quitte à rater, peut-être, tout ce qui fait l’âme du cimetière…

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Julien Damien / Photo : © Cercle d’Histoire d’Uccle

Cimetière du Dieweg

Uccle – 95 Dieweg, cimetieredieweg.be

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