Alcide Dessine
Décalez, c'est gagné !
Depuis deux ans, Facebook et Instagram s’affolent et s’esclaffent au rythme des publications d’un certain Alcide Dessine. Sa recette ? Un trait soigné, des jeux de mots en veux-tu en voilà et, surtout, des saynètes décalées sur, pêle-mêle, l’arrivée de l’ADSL en Lozère, l’intelligence artificielle infoutue de tondre la pelouse ou la “déconstruction”. À l’occasion de la parution de son premier livre, rencontre avec un auteur mystérieux – mais qu’on connaissait un peu, sans le savoir.
« Je m’appelle Stéphane. J’ai 48 ans. Je suis marié, j’ai deux enfants. Je suis directeur d’une petite école rurale ». On attend la chute, habitué à ses cases jouant habilement sur le nonsense. Elle ne viendra pas : pour une fois, Alcide Dessine est sérieux. Les vignettes de ce Pas-de-Calaisien reposent sur une mécanique bien huilée : un dessin léché accompagné d’un texte au style soutenu et au ton ironique, détaché. « Si la légende explique le dessin, ça ne sert à rien, abonde Alcide. Je préfère les pas de côté. Je réalise parfois des croquis par avance, sans savoir encore quelle en sera la chute ». On trouve dans ses oeuvres des sarcasmes vis-à-vis de la novlangue macronienne (la bienveillance, la start-up nation, etc.), des expressions prises au pied de la lettre, des jeux de mots vaseux, voire une certaine poésie absurde. On pense pêle-mêle à Fabcaro, Willem, Pierre La Police ou M. la Mine. L’intéressé préfère citer « les comédies potaches du trio ZAZ », des humoristes comme Didier Bourdon, Ricky Gervais ou François Rollin. « J’ai dû voir son spectacle, Colères, 12 000 fois ». Et confie ne connaître « strictement rien en bande dessinée, excepté Gary Larson, ce génie ».
Autodidacte
Tout de même, ce trait soigné, vaguement ligne claire, il ne sort pas de nulle part, si ? « J’ai commencé à dessiner vraiment par hasard voici trois ans, sur une petite tablette assez archaïque. Des choses en noir et blanc qui relataient la vie à l’école. Aujourd’hui, je débute par un photomontage et je poursuis par calques successifs ». Outre ce travail pictural, on connaît Alcide Dessine via son groupe pop, Gang Clouds (eh oui!), et notre homme possède encore quelques marottes. « Comme tous les gens prétentieux, j’ai commencé un roman… toujours inachevé. L’écriture de scénarios, voire la scène m’intéressent également ». Bref, sous une forme ou une autre, on risque de retrouver bientôt Alcide dans les pages de LM.
À lire / Alcide Dessine, Dessins sous Alcide (Éditions Lapin), 176p., 18€, librairie.lapin.org. Sortie le 11.10