Quels beaux visages !
Figures de proue
Après avoir renouvelé son parcours permanent, le Musée des beaux-arts de Calais renoue avec les expositions temporaires, dévoilant des œuvres récemment entrées dans ses collections, dont certaines encore jamais montrées. Regroupant de grands artistes d’hier et d’aujourd’hui, Quels beaux visages ! explore ainsi le motif du portrait sous de nombreuses facettes, entre peinture ou photographie, mais pas seulement… Visite guidée
Reconstruit après la Deuxième Guerre mondiale, le Musée des beaux-arts de Calais possède un fonds relativement récent, mais multiplie les acquisitions depuis la fin des années 2000. « Des œuvres surtout figuratives et pour la plupart centrées sur le portrait », précise Anne-Claire Laronde, conservatrice en chef et directrice des musées de la ville. Cette caractéristique s’explique par une présence iconique entre ces murs : celle de Rodin, « qui a beaucoup réfléchi au regard et à la représentation des corps ». Les figures modelées par le sculpteur, ses nombreuses études et variantes autour des Bourgeois de Calais voisinent ainsi avec les “beaux visages” sortis des collections maison. Dévoilé dans un espace d’exposition repensé, ce corpus est des plus composites, entre une Lio hispanisante dans l’objectif des photographes Pierre et Gilles ou les Supporters de Françoise Pétrovitch, silhouettes évanescentes d’adolescents, à l’encre sur papier. Toutefois, les dialogues sont féconds…
Éternels éphémères
Trois thèmes majeurs apparaissent ainsi au fil de ce parcours, qu’il s’agisse de représenter « un être unique et identifiable », « une partie de l’humanité » ou « un groupe social »… voire les trois en même temps ! En témoignent par exemple ces 35 clichés de collégiens calaisiens, pris dans les années 1990 par Philippe Bazin. Alignées méthodiquement, ces images illustrent joliment le passage de l’enfance à l’âge adulte. Si l’exposition fait la part belle aux photos et à la peinture, quelques œuvres sculpturales surgissent également, telle Douce France, soit des tirailleurs sénégalais peints sur une boîte aux lettres par le pochoiriste C215, ou Le Paravent de Catherine Viollet, femmes littéralement incandescentes ici représentées sur… un carton de frigo ! Tout aussi symboliques, les Éphémères de Gérard Zlotykamien rappellent la fragilité de l’existence. Ces figures fugaces, que ce pionnier de la peinture à la bombe trace inlassablement sur les murs des villes, immortalisent les victimes de génocides, et ne s’oublient pas…