Christine Desrousseaux
Cinématographe. Sur les traces de Jean Deconinck, créateur du Fresnoy
Ce nouvel opus très original de Christine Desrousseaux se situe entre l’enquête policière et l’introspection familiale. Par petites touches impressionnistes, il retrace le parcours de son arrière-grand-père, Jean Deconinck (1876-1943), fondateur du Fresnoy à Tourcoing (1907) puis du Colisée de Roubaix (1927). Elle n’a pas connu cet aïeul entrepreneur (sans divulgâcher le récit, il disparut de manière brutale quelques années avant sa naissance), ce qui explique le très long travail qu’elle a dû mener pour reconstituer le fil de sa vie, lourdement marquée par deux guerres. Pendant plusieurs années, elle a interrogé les rares membres de sa famille encore vivants qui l’avaient côtoyé et fouillé les archives municipales. Plusieurs fois, elle a failli renoncer mais la récupération inespérée de lettres ou de photographies ont, à chaque fois, nourri sa curiosité et relancé ce vaste projet mené avec patience et détermination. Intime et émouvant, forcément parcellaire, le récit nous captive aussi car il esquisse en creux la saga du cinéma. De l’apparition du muet au début du siècle au parlant en 1927, jusqu’à la création du Studio national des arts contemporains du Fresnoy en 1997, 13 ans après la fermeture définitive de ce “luna park” où l’on trouvait un dancing, une salle de roller hockey, un ring de catch. Un livre préfacé par Alain Fleischer et illustré de quelques photos d’archives, que Christine Desrousseaux a réussi à reconstituer avec beaucoup de sensibilité et de finesse.
144 p., 18€.