Lil Yachty
La renaissance
On se souvient de notre réaction, amusée, aux alentours de 2015, lorsque l’on entendit le nom de Lil Yachty. Tiens, encore un Lil ! Une ironie narquoise que l’on a remballée fissa à l’écoute de son dernier album, Let’s Start Here, fruit d’un décentrage improbable et proprement époustouflant.
Ce p’tit bateau était apparu, en 2015, avec une trap relevée de “violonnades” synthétiques. Le flow, lui, n’en restait pas moins banal – un flow trap, quoi. Michigan Boy Boat (2022), croulant sous les featurings, proposait néanmoins un rap oppressant et très convaincant. N’empêche, rien ne nous préparait à ce Let’s Start Here, promesse de nouveau départ et, effectivement, table rase en règle de son passé : explosion des cadres, destruction des habitus hip-hop, instrus rappelant presque le Pink Floyd 80’s. Il y a dans ses sons la touche étrange d’un Hugo (non, pas Victor, mais Chad, moitié des Neptunes). Et sans jouer les naturalistes obsédés par l’hérédité, façon Zola (oui, Émile, pas le rappeur), on ne s’étonne pas de la provenance de ce gonze : Atlanta, Géorgie, la ville qui nous offrit Childish Gambino, Young Thug ou Outkast. Soit une tripotée de musiciens imaginant tout bonnement un autre futur au rap. Reconnaissons toutefois un biais de réception : cette démesure, ces guitares parfois grassouillettes et ces vocalises de choristes échevelées, pas sûr qu’on les apprécie dans un album dit rock. Mais ici, traitées via le prisme du hip-hop, elles surprennent et séduisent. Reste à voir si l’ensemble passe l’épreuve des planches.