Home Musique Étienne Daho

Tombé pour la pop

© Pierre-Ange Carlotti

Tout a-t-il déjà été dit sur le “parrain de la pop française” ? Sans doute, mais on ne se privera pas de parler encore de lui ! Quelques mois après la sortie d’un mirifique douzième album, Tirer la nuit sur les étoiles,  Étienne Daho reprend le chemin des concerts. Pour cette tournée, le Rennais délaisse les “petites salles” et ce qu’elles sous-entendent d’intimisme pour les plus grands espaces, comme le Zénith de Lille ou Forest National, à Bruxelles. Alors, à quoi s’attendre ? « À un show avec une énergie différente, celle des festivals d’été », promet l’intéressé. En attendant, révisons un peu.

Débuts électriques

En 1978, Étienne Daho s’ennuie un peu à la fac. Proche d’Hervé Bordier (le futur fondateur des Transmusicales), il monte une association pour organiser un concert : celui des Stinky Toys. Le 20 décembre, Elli Medeiros et Jacno livrent un show explosif à la salle de la Cité de Rennes. C’est le début d’une longue amitié. Le duo encourage le natif d’Oran à se lancer. Chose qu’il fera l’année suivante, lors de la première édition des Transmusicales, avec le groupe Entre les deux fils dénudés de la dynamo. « C’était un peu une grosse blague […] Je crois que j’ai chanté, mais je ne suis pas sûr », déclarera-t-il plus tard.


Le virage

Après un premier album passé inaperçu en 1981 (Mythomane), le Rennais connaît le succès trois ans plus tard avec La Notte, la notte (et des tubes comme Sortir ce soir et Week-end à Rome). Mais c’est véritablement Tombé pour la France, paru en 1985 sur un EP homonyme puis intégré à Pop Satori l’année suivante, qui le hisse au sommet, avec ses fameuses notes de claviers Fairlight mêlées à celles d’un harmonica. Il le confiera lui-même : « Il y a eu un avant et un après cette chanson ». La France ne s’en est jamais remise non plus.


Monte le son

 Pierre-Ange Carlotti 2023

Pierre-Ange Carlotti 2023

Mais alors, qu’est-ce qui fait la “patte” d’Étienne Daho ? Vaste question, tant l’homme n’a cessé de se réinventer, des ballades mélancoliques et dansantes des débuts au psychédélisme de Blitz, en passant par la tentation électronique d’Eden, album phare de sa discographie mais incompris à sa sortie en 1996. Pour faire simple, disons qu’il a su faire rimer comme personne la pop avec la langue de Molière, marier la légèreté et la sophistication – ce qui n’est pas rien.


Album photo

Son violon d’Ingres, c’est la photographie. Une passion révélée en 2017 à l’occasion de l’exposition Daho l’aime pop !, à la Philharmonie de Paris, mais qu’il nourrit depuis l’adolescence. D’ailleurs, il envisagea un temps d’en faire son métier. Le Rennais ressortira son appareil (un Rollei) des années plus tard pour saisir la nouvelle scène française (Flavien Berger, La Femme…) entre couleurs et noir et blanc, mais toujours avec élégance – à son image.


Arrêt sur image

Sinon toujours au rayon image, sachez que les archives de la SRPJ de Rennes ont en leur possession une petite pépite : une photo anthropométrique d’Etienne Daho, après sa tentative de vol d’une 4L stationnée en bas de chez lui, en 1976 ! « C’était juste un emprunt, je voulais descendre au centre-ville boire des coups et quand je suis remonté dans la voiture, je me suis fait serrer ». Bad boy…


Pierre-Ange Carlotti 2023

Pierre-Ange Carlotti 2023

T’as le look

L’iconique marinière Saint James immortalisée par Pierre et Gilles en couverture de La Notte, la notte, les vestes de smoking signées Hedi Slimane, le fameux perfecto en cuir noir… Daho a toujours soigné son style, sans virer accro. La preuve, en 2021, il faisait don au Musée de la mode de la ville de Paris de 34 de ses tenues de scène – griffées agnès b., Dior ou Yves Saint Laurent. Sympa !


Les femmes de sa vie

Citons bien sûr Elli Medeiros (son « premier grand amour »), Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Vanessa Paradis, Charlotte Gainsbourg, Brigitte Fontaine, Dani (dont il relancera la carrière avec Comme un boomerang), Jeanne Moreau (leur album Le Condamné à mort, de Jean Genet en 2010) ou encore Jane Birkin avec laquelle il a enregistré Oh ! Pardon tu dormais… en 2020.


La famille

Dans la famille Daho, il y a d’abord les patriarches : Velvet Underground, David Bowie, Gainsbourg ou Françoise Hardy. Puis viennent les parrains des Stinky Toys, les grands frères de Marquis de Sade, et surtout une ribambelle d’héritiers. Citons Dominique A, Lou Doillon, Malik Djoudi, la Femme, Calypso Valois, Mustang, Yan Wagner… entre autres ! Les cousinades s’annoncent pas mal.


Droit au but

Au début des années 1990 (soit bien avant les réseau sociaux) une rumeur annonce que le chanteur est séropositif, puis sa mort. Il répondra à ces douteux ragots par un EP, Résérection, mot-valise mariant “résurrection” et… “érection”.


Give me 10 !

Tombé pour la France, Weed-end à Rome, Sortir ce soir, Duel au soleil, Épaule tattoo, Des Heures hindoues, Bleu comme toi, Le Premier jour (du reste de ta vie), Me manquer, Tirer la nuit sur les étoiles

J.D. / Photo : Pierre-Ange Carlotti
Concert(s)
Etienne Daho
Bruxelles, Forest National

Site internet : http://www.forestnational.be/

02.12.2023 à 20h0089>69€
Etienne Daho
Lille, Le Zénith
05.12.2023 à 20h0089>69€
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