Nabihah Iqbal
Douce transe
En 2020, le studio londonien de Nabihah Iqbal était cambriolé, et son deuxième album perdu. À la faveur d’un confinement au Pakistan, elle retrouvait l’inspiration, entre retour aux sources acoustique (harmonium, sitar) et electro lo-fi, mélancolique et dansante. Le résultat se nomme Dreamer, sorti au printemps dernier, et nous convie à une rêve party.
Nabihah Iqbal nous vient de Londres, où le brassage musical se révèle toujours fécond. On peut l’entendre sur la webradio londonienne underground NTS, dont le flair n’est plus à prouver. Le très suivi label Ninja Tune (Bonobo, Floating Points, Kae Tempest…) ne s’est pas trompé en publiant ses deux albums enregistrés sous son nom, dont Dreamer, aussi foisonnant que son parcours. Diplômée d’ethnomusicologie, l’Anglo-Pakistanaise fut en effet avocate en Afrique du Sud, a sorti ses premiers projets électroniques sous le nom Throwing Shade et organisé la première Boiler Room du Pakistan.
Ça plane pour elle
Perçoit-on toute cette richesse dans sa musique ? L’album porte en tout cas des styles très différents : house, new wave, guitare acoustique, pop shoegaze, disco… Le tout dans une atmosphère rêveuse (le titre ne ment pas sur la marchandise), de transe et d’optimisme. Ça plane pour Nabihah Iqbal ! On y danse et divague sur fond de nappes de synthés et de réverbérations de voix. La Londonienne parle plus qu’elle ne chante, en surplomb, lointaine, comme si ses mots surgissaient des nuages. On les verrait bien matérialisés en fumée, lors de ses concerts, au-dessus de la scène. Ce serait kitsch, mais idéal.