Nation of Language
Au nom du synth-esprit
Depuis 2020, Nation of Language arpente avec brio les arcanes de la synthpop, ou synthwave, ou new wave – appelez ça comme vous voulez. À l’occasion d’un troisième album clôturant un cycle, les trois New-Yorkais aux faux airs d’Hibernatus 80’s remontent sur les planches. Retour vers le futur antérieur.
Constance, régularité, discipline. Tels semblent être les maîtres-mots du travail de composition de Nation of Language, qui a circonscrit son travail aux années 1975 / 1989 – disons, de Neu! à Depeche Mode, en passant par Duran Duran, OMD et New Order. Et signé trois albums qui, d’après le leader à la voix de velours Ian Devaney, forment un triptyque kraftwerkien consacré aux transports : en voiture pour le premier, en train pour le second, à pied pour le dernier. Était-ce réellement pensé ainsi ? Conceptualisé à rebours ? Qu’importe, l’ensemble affiche une unité sonore qui place NOL parmi les fers de lance du renouveau synthpop.
Connexion à haut débit
Sur scène, l’outillage demeure simple : une guitare, une basse, un Moog. La solidité de chansons et le charisme du précité Devaney font le reste. Alors bien sûr, on peut pinailler, accuser le trio de Brooklyn d’un passéisme prudent, lui reprocher d’étaler la panoplie de groupes du temps jadis. En effet, quel lien entre des formations britanniques qui, dans la grisaille du thatchérisme, renouaient avec un glam passé à la moulinette post-punk, et ces trois godelureaux hyperconnectés dans une Grosse Pomme en mutation permanente ? On peut en trouver : crise économique, horizon bouché… On peut aussi voir la synthpop comme une musique “classique”, qui s’enseigne et dont chacun peut s’emparer. C’est ce qu’opère Nation of Language, avec un certain talent… et un talent certain.
À écouter / Strange Disciple (PIAS, sortie le 15.09)