Arlo Parks
Âme sensible
Par la grâce d’un premier album épatant, Arlo Parks fut frappée d’un succès foudroyant, mais pas surprenant. Depuis, cette ancienne étudiante en littérature fit (presque) le tour du monde, trouva refuge sur les rayons des librairies et reprend le chemin des concerts. Pourtant, ce ne fut pas évident.
Comment passer du mal-être post-adolescent confiné dans sa chambre au statut de superstar en un clin d’oeil ? Les réponses divergent. Kurt Cobain régla la question à sa façon. La business woman Billie Eilish s’en sort plutôt pas mal. Arlo Parks n’a pas totalement tenu le coup. L’an passé, sa tournée américaine fut annulée, pour cause de burn-out. Le contraire eût été étonnant, car l’oeuvre intégrale de cette Londonienne de 23 ans transpire la fragilité, met les failles en valeur et le questionnement perpétuel en chansons. Ultra contemporaine, sa soul teintée de R&B a séduit une génération de vingtenaires cloîtrés chez eux et, mieux, a su s’adresser à chacun – nul besoin d’être sur les bancs de la fac pour se reconnaître dans ces morceaux. Se situant dans la tradition très britannique (pensez Ray Davies, Jarvis Cocker ou encore Aidan Moffat), l’Anglaise relate des tranches de vie avec une maestria peu commune, comme en témoigne son premier recueil de poèmes (The Magic Border, 2023). Certes, My Soft Machine, son deuxième essai, nous a (un peu) laissés sur notre faim : agréable mais trop propre, moins personnel. N’empêche, sur scène, on retrouve la grâce innée et foudroyante qui habite chacune de ses chansons.