Roman Muradov
Tous les vivants
DargaudEntre deux mondes : c’est là que se situent à la fois le récit de Tous Les vivants et son héroïne. Cette dernière a voulu en finir avec la vie, mais voilà qu’un bref passage dans un pseudo-purgatoire assez fascinant la renvoie chez les vivants. Retour sur Terre donc, mais pas tout à fait, et c’est dans cet entre-deux que se déploie le style si singulier de Roman Muradov. Après le remarqué Aujourd’hui, demain, hier, le Californien d’origine russe narre cette aventure avec ses planches crayonnées intrigantes et délicates. Incarnés mais évanescents, la protagoniste et l’univers qui l’entoure ne rappellent aucune autre histoire de fantômes. Doté d’un sens de l’humour très européen (le récit pourrait être le chapitre d’un livre de Mircea Cartarescu), Muradov décrit aussi bien la colocation entre la jeune fille et son propre spectre que les règles absurdes régissant le monde. S’il peut paraître d’abord austère et fort peu romanesque, Tous les vivants est un livre qui gagne en consistance à chaque relecture. Une curiosité à la poésie entêtante.
160 p., 22€.