Artik
À pied d'œuvre
Si la basket s’est imposée comme un accessoire iconique de la culture pop, à la fois symbole d’appartenance et objet de spéculation, Artik la considère surtout comme un support d’expression. Arrivé en Belgique de sa Macédoine natale en 2010, ce jeune homme de 21 ans partage son temps entre des études d’architecture à l’université de Liège et la customisation de sneakers, qu’il a élevée au rang d’art. Rencontre avec un peintre qui en a sous la semelle.
Pour Artik, tout a commencé un peu par hasard. « Durant la pandémie, j’ai perdu mon job d’étudiant. En cherchant un autre moyen de gagner de l’argent, j’ai découvert sur Instagram la possibilité de peindre sur des baskets », confie l’intéressé, dont le pseudonyme résulte de la contraction de son prénom et du mot “unique” dans sa langue maternelle. Avant de se lancer, il a d’abord effectué des essais sur ses propres chaussures, pour s’assurer que ses peintures et vernis tenaient la route. Le reste est une affaire de talent, et d’inspiration.
En témoignent La Nuit étoilée de Van Gogh ou Le Fils de l’homme de Magritte, toiles reproduites à la perfection sur des sneakers. Si tous ses dessins sont réalisés au pinceau, le Liégeois a aussi mis au point une technique bien particulière : « l’effet terrazzo, constitué d’éclats de pierre et de marbre, mélangés à du vernis transparent avant d’être déposés sur la chaussure ». Rapidement, les commandes affluent. « Mais je ne suis pas une imprimante. Je demande désormais à mes clients de m’envoyer un sujet plutôt qu’un dessin. À partir de là, je réalise un croquis ». Histoire que chacun se sente bien dans ses pompes.
Pas de côté
En parallèle, Artik développe un projet plus personnel, présenté lors d’une première exposition dans le cadre hypnotique du restaurant Moment, à Liège. Chaque pièce a été pensée et créée à partir d’un court texte, qu’on retrouve à côté des chaussures. La variété des techniques présentées ici illustre le refus d’être limité à un style. Pour preuve cette oeuvre baptisée Pyromane, composée de trois sneakers… dans un brasero. Celle-ci raconte l’histoire d’un jeune garçon puni par une flamme qu’il n’a pas réussi à éteindre. « Sur une première basket, j’ai représenté le feu, la suie, le côté sombre de la chaleur. Pour traduire l’expérience multisensorielle de cet incendie, j’ai brûlé les deux autres chaussures au chalumeau ». Sa création préférée ? Discutons, qui figure paradoxalement un visage sans bouche, car certaines choses ne peuvent être exprimées avec des mots. Joli contre-pied, n’est-ce pas ?
À voir / Exposition temporaire
Liège, jusqu’au 31.12, Restaurant Moment (17 rue Bonne Fortune)mer : 19h -20h30, jeu > sam : 12h – 13h30 & 19h-20h30, moment-liege.be