Little Simz
Grime organisé
Little Simz reprend le flambeau du rap britannique là où Roots Manuva et The Streets l’ont déposé. Forte de son indépendance têtue et d’une inspiration sans faille, Simbiatu Abisola Abiola Ajikawo (pour l’état civil) pourrait bien le mener beaucoup plus loin que ses glorieux prédécesseurs.
Élevée par une mère éducatrice spécialisée dans le quartier d’Islington (qui jadis hébergea Karl Marx, Lénine ou George Orwell), cette Anglaise a déjà signé quatre albums, tous édités via son propre label, Age 101 Music. La Londonienne a de l’expérience, puisqu’elle a commencé à rapper à l’âge canonique de… neuf ans. Près de 20 ans plus tard, son nom s’est imposé. Doucement. Tranquillement. À l’inverse de son flow donc, revêche et volontiers mitraillette. Son dernier LP, Sometimes I Might Be Introvert, laissait présager d’un disque plus intime, empli de mal-être et de doute. Oui, il y a de ça… Toutefois, il révèle aussi une puissance de feu impressionnante. Sa force ? Elle ne se cantonne pas au savoir-faire anglais (en gros, UK Bass et grime) mais s’empare de toutes les musiques noires. Produit par Inflo (un collègue de Michael Kiwanuka, Adele, Jungle ou… Belle and Sebastian), cet album possède parfois l’ampleur du Lemonade (2016) de Beyoncé. Alors certes, Jay-Z ne tarit pas d’éloges sur Little Simz, mais on peut toujours courir avant de la voir entamer des chorégraphies millimétrées. Bien que comédienne à ses heures (la série Top Boy), elle conserve du rap une approche réaliste et terre-à-terre – ce qui ne l’empêche pas d’atteindre les sommets.
A écouter / Little Simz, Sometimes I Might Be Introvert (AWAL) |