Home Reportage Musée en plein air du Sart Tilman

À l’art libre

Une Colonie de paresseux en fourrure noire, 2018 © Élodie Antoine

Sur les hauteurs de Liège, un peu à l’écart de la ville, on trouve le musée en plein air du Sart Tilman. Fondé en 1977, ce jardin extraordinaire détient des sculptures et installations pour la plupart signées de Belges francophones. D’Eugène Dodeigne à Pierre Alechinsky, en passant par la jeune garde de la création contemporaine, ces noms témoignent de la vivacité artistique du Royaume. Cette collection garantit une promenade pas comme les autres. Suivez le guide.

Bienvenue dans un lieu atypique qui marie nature et art, architecture et éducation. L’histoire du musée en plein air du Sart Tilman est en effet indissociable de celle de l’Université de Liège. « À la fin des années 1960, l’institution a été transférée du centre-ville vers la périphérie, pour favoriser l’émergence d’un campus universitaire, raconte Julie Bawin, la directrice. Très vite, les responsables académiques et les architectes ont introduit des oeuvres au sein des bâtiments et à l’extérieur ». Désormais, ce sont plus de 120 sculptures ou installations (souvent monumentales) qui dialoguent dans un parc de 700 hectares « à toute heure du jour et de la nuit. La déambulation autour des pièces est totalement libre. On ne vous empêchera jamais de les toucher ». Fait rare, celles-ci ont pour la plupart été produites in situ, spécialement pour le site.

Le Sapin rouge, 2013 © Jean-Pierre Ransonnet / photo Jean Housen

Le Sapin rouge, 2013 © Jean-Pierre Ransonnet / photo Jean Housen

 

Crash test

Cette collection unique en son genre se déploie sur de vastes pelouses jalonnées de fourrés et buissons. Elle illustre à merveille la diversité de la création d’hier et d’aujourd’hui en Belgique francophone. L’oeuvre la plus emblématique demeure sans doute La Mort de l’automobile, exécutée par le Liégeois Fernand Flausch en 1980. Haute de plus de cinq mètres, elle figure une Cadillac enfoncée à la verticale dans un bloc de béton « Elle comporte bien sûr une dimension écologique, observe Julie Bawin. C’est aussi une critique de la société de consommation. Enfin, on devine une pointe d’ironie, car elle a été placée non loin d’un carrefour automobile ».

La Mort de l’automobile,1980 © Fernand Flausch / photo Goldo Dominique Houcmant

La Mort de l’automobile,1980 © Fernand Flausch / photo Goldo Dominique Houcmant

 

En lieu sûr

Les créations n’ont pas été installées au sein de ce parcours par hasard. À l’image du moulage en béton d’une souche d’arbre de Patrick Corillon surgissant en pleine nature, ou encore d’Album et bleu de Pierre Alechinsky. Le célèbre peintre et graveur belge a signé là « l’une de ses rares œuvres dans l’espace public ». Cette gigantesque double page ouverte (soit 48 dalles de lave posées sur deux socles en béton), telle une métaphore du livre (l’une de ses obsessions), trouve logiquement place près de la faculté de droit. On citera aussi Les Paresseux de la jeune Elodie Antoine, soit des sculptures en fourrure synthétique suspendues aux branches. Ces mammifères, peu connus pour leur vélocité, se prélassent juste en face de Polytech, comme pour mieux narguer ses besogneux étudiants – pour sûr, ils ne manquent pas d’air !

Taureau Francois André 1984 © Jean Housen

Taureau Francois André 1984 © Jean Housen

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Julien Damien

Liège, Musée en plein air du Sart Tilman ouvert tous les jours de l’année, 24 h / 24, gratuit, www.museepla.uliege.be

19.09 > 18.10 : 10e Prix de la Jeune Sculpture de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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