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Esprit libre

© Koketit

Installée à Tel-Aviv, en Israël, Shira Barzilay fut d’abord illustratrice pour la mode, collaborant avec des marques telles que Roberto Cavalli ou H&M. Elle a ensuite développé un style propre, porté par une figure féminine baptisée Koketit – soit “coquette”, en hébreu. A travers cet avatar, allégorie de l’élégance et de la féminité, l’artiste dessine sur des photographies, modifiant ou surlignant les traits des modèles. Ces esquisses épurées, filiformes, renvoient aux élans cubistes de Picasso, et manifestent une liberté de création certaine.

Comment avez-vous développé votre style ? Durant des années j’ai dessiné sur des photographies de plusieurs manières. Au fil du temps, j’ai expérimenté différents thèmes et histoires, dans une quête interminable. Mon processus artistique tend vers l’épure, l’élimination du superflu. J’ai ainsi adopté une forme de minimalisme, correspondant à ma personnalité.

Que signifie Koketit, ce personnage que vous avez créé ? C’est la traduction en hébreu de “coquette”, soit “qui aime plaire”. En quelque sorte, à travers cette figure, je flirte avec les images. Nous vivons tous à travers des avatars nous représentant dans le monde digital, ils sont presque réels.

© Koketit

© Koketit

Comment ce personnage a-t-il évolué ? L’illustration pour la mode ayant été ma principale occupation pendant plusieurs années, j’avais une approche bien plus figurative, même lorsque je dessinais sur des photos. Au départ, Koketit ressemblait plus à un cartoon. J’ai fini par la déshabiller complètement et n’ai gardé que l’essentiel. Je suis tombée amoureuse du dialogue qui s’en est suivi, c’est-à-dire en la dessinant sur une photographie qui racontait déjà une histoire. En traçant des lignes sur ces images, je change la narration sans toutefois la bouleverser radicalement.

Que voulez-vous exprimer à travers vos œuvres ? Mes travaux sont principalement autobiographiques car ils reflètent l’état d’esprit dans lequel j’étais lors de leurs créations. Ils sont la manifestation d’un sentiment très personnel, les gens s’identifient donc à eux. Tout le monde a souffert d’un chagrin d’amour ou ressenti les picotements d’un ardent désir. En regardant mes images, le spectateur se connecte en réalité avec lui-même.

Quel est votre processus de création ? Je ne travaille jamais sous la contrainte. J’ai des intentions, certes, mais il me faut être dans un certain état d’esprit. C’est une envie soudaine, comme ça nous arrive avec la nourriture ou le sexe. Parfois, ça ressemble à un éternuement, ça a juste besoin de sortir.

photo © Anne Marie Kevandrimmelen

photo © Anne Marie Kevandrimmelen

Comment trouvez-vous l’inspiration ? Il y a deux types de processus : l’un est global et l’autre immédiat. Le premier résulte de l’assiduité, de la persévérance. Le fait d’avoir une routine et une certaine discipline lors de la pratique artistique est très important, car cette aptitude a besoin d’être aiguisée. Avec le temps, on obtient des résultats, un peu comme lorsque l’on fait du sport. Le processus immédiat de création, lui, implique de rester ouvert, de trouver l’inspiration partout, être attentif aux signaux et les exploiter. J’écoute toujours mes émotions.

“Le monde est ma toile” semble être votre devise, n’est-ce pas ? En tant qu’artiste digitale, je ne connais pas de limite. Cette technologie me permet de dessiner sur un immeuble ou des nuages, de donner vie à toutes les images me venant en tête puis de le partager avec le monde de la façon la plus simple. Pouvoir créer ce que je veux, sans aucune restriction, est la seule manière dont je veux vivre.

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