Plant Fever
Mise au vert
Après s’être penché sur notre avenir alimentaire (Serial Eater), le CID du Grand Hornu s’intéresse aux superpouvoirs des plantes. Fondateurs du studio d-o-t-s, Laura Drouet et Olivier Lacrouts n’ont pas attendu le confinement pour s’extasier devant les beautés de Dame Nature. Voilà cinq ans que ce duo élabore une exposition rassemblant des designers soucieux du monde végétal. À la croisée de la philosophie, de la technologie et de la biologie, Plant Fever esquisse un futur florissant, où l’humain vivrait en harmonie avec son environnement. Chiche ?
Surproduction, consommation de masse, gaspillage des ressources naturelles… Bon, et si on arrêtait un peu nos bêtises ? Et si, par exemple… on faisait pousser nos meubles ? Plutôt que de couper des arbres pour fabriquer notre mobilier, le Britannique Gavin Munro a planté des saules qu’il oriente à l’aide de tuteurs pour leur donner la forme de chaises, de tables ou de lampes. Poétique (Tim Burton ne l’aurait pas renié), le projet Full Grown permet surtout d’engendrer des objets tout en ménageant notre flore. Mieux : de vivre en symbiose avec elle.
Les mots verts
C’est tout le propos de Plant Fever : « décaler notre regard ethno-centré sur le monde pour adopter un point de vue phyto-centré. Respecter les besoins humains mais aussi des végétaux, et donc de la planète », soutiennent Olivier Lacrouts et Laura Drouet. Le duo réunit ici une soixantaine d’œuvres de designers internationaux attentifs à la sensibilité (et à l’intelligence) de ces êtres « encore mystérieux mais essentiels à notre survie ». Ne serait-ce que pour nous alimenter en oxygène… On pourra toujours compter sur Helene Steiner pour les comprendre. Cette Britannique a en effet inventé une interface numérique traduisant leurs impulsions électriques, et donc leur langage.
Phytothérapie
Orchestrée en trois sections (les plantes sont tour à tour présentées comme “ressources”, “compagnes” puis “alliées”), cette exposition « militante » dévoile des superpouvoirs verts méconnus, mais qui pourraient se révéler utiles face aux enjeux climatiques. Les Italiens Gionata Gatto et Giovanni Innella ont ainsi élaboré un système hy- droponique abritant une plante capable d’absorber les métaux lourds du sol avec ses racines, pour les stocker dans ses feuilles. « Cette pratique, nommée phytoremédiation, permet de dépolluer la terre et d’en récupérer les éléments précieux, sans la détruire », observe Laura. Tout aussi ingénieux, les Slovènes du collectif Trajna ont transformé un “problème” en opportunité. Importée en Europe pour ses vertus décoratives, désormais combattue car terriblement invasive, la Renouée du Japon est ici utilisée pour produire du papier (NotWeed Paper). À la clé : la création d’emplois, une fabrication respectueuse de la biodiversité… Alors, on s’y met ?