Vélodrome André-Pétrieux
La piste aux étoiles
C’est l’un des “cinq monuments” du cyclisme, et l’une des plus redoutables courses au monde. Cette année encore, le Paris-Roubaix s’offrira un final acharné dans le Vélodrome André-Pétrieux, dont il est un peu la cerise sur le gâteau – de boue. Ce 25 octobre, après 259 kilomètres (dont 55 pavés !), les coureurs boucleront l’Enfer du Nord par une ovation au cœur ce site désormais mythique. Petite reconnaissance de la piste.
Événement annulé suite à l’épidémie de Covid 19
Roubaix et la petite reine, c’est une grande histoire. Son premier vélodrome a été édifié en 1895 face au Parc Barbieux, à l’initiative de filateurs, Théodore Vienne et Maurice Pérez. C’est le début de la bicyclette à deux roues égales, et les courses ont le vent en poupe (Paris-Brest-Paris, Bordeaux-Paris…). Pour promouvoir leur bébé, nos industriels décident de créer un événement : le Paris-Roubaix. Sa particularité ? Un long passage pavé. Autant dire que le vainqueur gagne son passeport pour la postérité. Cette classique porte les valeurs du Nord : le travail, l’abnégation… La posture de ces forçats de la route renvoient d’ailleurs aux dos courbés des “Flandriens”, ces paysans qui se cassent l’échine sur les terres agricoles.
Le premier lauréat est un Allemand. Josef Fischer franchit la ligne d’arrivée au son de… la Marseillaise. « Les organisateurs attendaient Maurice-François Garin, raconte Laurent Stragier, guide-conférencier pour l’office du tourisme local. Mais le Français avait chuté à Lesquin sans que l’info ne remonte à temps ». Eh oui, point de 5G à l’époque, plutôt le télégraphe… Durant la Première guerre mondiale, face à la pénurie de bois, le vélodrome du Parc Barbieux est démonté… Un autre édifice voit le jour dans le Parc des Sports en 1936, qui accueille sa première arrivée du Paris-Roubaix en 1943, jusqu’à aujourd’hui.
Au premier abord, le site ne paie pas de mine. Et pourtant, « c’est un lieu mythique, et même de pèlerinage, assure Laurent. On vient du monde entier pour le visiter ». Il faut dire, l’endroit a vu passer sont lot de légendes : Eddy Merckx (trois victoires), Bernard Hinault, vainqueur pour son unique participation en 1981 (« c’est une course de fou ! », dira-t-il), Tom Boonen évidemment, recordman avec Roger De Vlaeminck (quatre trophées chacun). Les Belges, d’ailleurs, ont remporté 56 des 118 éditions – cette année, le favori se nomme Wout van Aert… Leurs noms sont gravés, sinon dans l’Histoire, sur de petites plaques dorées dans les douches de l’école attenante, où les coureurs se débarbouillent une fois l’effort (ou plutôt l’enfer) achevé.
Final d’enfer
Longue de 500 mètres, cette piste affiche deux virages inclinés à 28 degrés, obligeant une dernière accélération après tant de galères… « Les cyclistes doivent alors parcourir un tour et demi dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, comme dans un rond-point », explique Laurent Stragier, présent dans les gradins « tous les ans ». Car le vélodrome, c’est “the place to be”. Voire « l’instant suprême de la course. Vous voyez surgir l’hélico, les motards de la police, le speaker chauffe le public et, soudain, les coureurs entrent… Là, tout le monde se lève ! Rien que d’en parler, ça me redresse les cheveux, s’exclame-t-il. Lorsqu’un cycliste arrive seul, c’est l’ovation, mais quand ils sont plusieurs, alors là c’est fantastique ! ». L’explication finale peut avoir lieu. À ce moment- là, l’Enfer du Nord prend des allures de paradis.
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Vélodrome André-Pétrieux / Roubaix – 39, rue Alexander Fleming (Parc des sports), www.roubaixtourisme.com
PARIS-ROUBAIX : 25.10