Little Simz
Haut débit
En mai 2016, LM autopsiait Dead Body, tourbillon grime tiré du premier album d’une jeune Londonienne de 22 piges, et soulignait son « talent tout en maturité ». Trois ans, trois disques et quelques milliers d’articles plus tard, Little Simz n’a rien changé : elle continue à nous stupéfier. Autant dire que ce concert bruxellois a tout d’un événement.
Dans la tribune des admirateurs précoces de Little Simz, dont figuraient les auteurs de la rubrique musique de LM, siégeaient aussi (deux rangs derrière) Jay-Z et Kendrick Lamar. Depuis la mixtape Blank Canvas en 2013, tout le monde applaudissait alors un flow rageur et impeccable, mais marmonnait «… de la part d’une si jeune femme ». Ces biais d’écoute ont été entre-temps atténués par des prestations scéniques de haute volée, puis totalement balayés par un troisième album (Grey Area) tout en nuances et en dextérité.
Brit connection
Little Simz aurait pu bénéficier d’une sortie mondiale sur le label de l’un des maîtres du monde qui sont à ses pieds (les précités Jay et Kendrick). Elle a plutôt opté pour une cuisine maison via son micro-label Age 101 Music, confiant la production à son ami d’enfance Inflo. Grey Area constitue pourtant un aboutissement, consacrant le flow, le chant et les harangues de la rappeuse et des histoires personnelles marquées par un immense « talent tout en maturité », donc. Avec son compatriote Loyle Carner, Little Simz représente un rap UK agile, parfois fragile, loin du quant-à-soi et affichant une grande ouverture formelle. La soul teintant Selfish est déjà un hymne et son succès couronne la trajectoire, loin d’être achevée, d’une artiste déjà incontournable. « A boss in a fucking dress », pour la citer.