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Astre et désastre

©Netflix

En marge de son nouvel album, Les Etoiles vagabondes, sorti en deux temps les 6 et 21 juin (et déjà double disque de platine), Nekfeu a offert un cadeau surprenant à ses fans : un documentaire éponyme diffusé en exclusivité dans un nombre de salles limité. Co-réalisé avec Syrine Boulanouar, le film est disponible sur Netflix depuis le 20 août. Il raconte la genèse de son troisième disque et sa difficile gestion du succès. Authentique ? A voir…

« Aujourd’hui, j’ai joué devant 80 000 personnes, et pourtant, je ne me suis jamais senti aussi seul », lâche Ken Samaras dès les premières minutes du film. Le constat est sans appel : burn-out, syndrome de la page blanche, vide existentiel… Il ne parvient plus à créer. Nekfeu va alors réunir tous ses amis. Ensemble, ils vont voyager aux quatre coins du monde pour trouver l’inspiration et composer de nouveaux hits. Japon, Belgique, Etats-Unis, Grèce, Paris… Le rappeur enregistre dans des studios improvisés par son acolyte Diaby, par exemple dans une somptueuse location nippone. Entre deux joints, le crew sample des artistes de renommée internationale, parfois rencontrés au hasard de ses pérégrinations, comme le trompettiste Trombone Shorty à La Nouvelle-Orléans. Il se retrouve même coincé au cœur de l’ouragan Nate. Il collabore aussi avec des poids lourds du rap francophone, tel le Belge Damso à Bruxelles. Bref, chacun apporte sa pierre à l’édifice – un pour tous, tous pour le Squa !

Le vrai du faux

Au fil de cette odyssée intime, la beauté des paysages et la BO sublime nous laissent la tête dans les étoiles (vagabondes). Mais, paradoxalement, cette surenchère esthétique prend le pas sur l’authenticité du projet. De nombreuses scènes semblent trop scénarisées, brouillant franchement les pistes. On ne sait plus si l’on est face à un documentaire ou une fiction, et donc distinguer le vrai du faux. Les plans tournés caméra à la main alternent avec d’autres plus (trop?) travaillés, instaurant un doute sur la sincérité de l’œuvre. Par ailleurs, certains propos s’avèrent superficiels voire maladroits (la scène avec les réfugiés en Grèce, par exemple). Au final, l’intérêt de ces 90 minutes réside d’abord dans les secrets de fabrication d’un disque par ailleurs (lui) brillant – et c’est déjà pas mal.

Tanguy Croq

Documentaire de Syrine Boulanouar et Nekfeu. Disponible sur Netflix

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