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L’esprit de famille

Acteur parmi les plus doués de sa génération, ex-pilier des Robins des bois, Jean-Paul Rouve est aussi un cinéaste en vue. Dans son quatrième film, il s’intéresse à une fratrie dysfonctionnelle. L’histoire de Lola (Ludivine Sagnier), obligée de jouer les médiatrices entre ses deux frères, Benoît (Jean-Paul Rouve) et Pierre (José Garcia), perpétuellement fâchés. Malgré tout, ces trois-là s’avèrent inséparables… Derrière cet argument simple se cache un “feel-good movie” subtil, où le Dunkerquois brille devant et derrière la caméra. Rencontre.

Comment ce film est-il né ? David (Foenkinos, ndlr) et moi souhaitions travailler sur le thème de la famille, et en particulier les relations entre frère et soeur.

Lola et ses frères contient-il une part autobiographique ? Pas tout à fait, car je suis fils unique ! J’ai vraiment réalisé ce film par plaisir, celui d’inventer des histoires et des personnages. En général, au-delà de la famille, ce sont les rapports humains qui m’intéressent.

Après Les Souvenirs, c’est la deuxième fois que vous concevez un scénario avec l’écrivain David Foenkinos. Pourquoi ? Il est rare de trouver un binôme avec lequel on s’entend pour écrire. On partage le même humour et cet intérêt pour les petites choses de la vie.

Quel fut votre parti pris, en terme de réalisation ? Premièrement, l’action se situe à Angoulême et non pas à Paris. Je cherchais une ville moyenne où les gens se rencontrent facilement. Le cadre est fondamental, c’est un personnage à part entière. C’est la raison pour laquelle nous avons principalement tourné en longue focale et caméra à l’épaule. On ménage ainsi la pudeur des protagonistes, même si nous partageons leurs pensées. La caméra se comporte comme une amie qui les accompagne dans leurs aventures.

Lola et ses frères parle du manque de communication au sein d’une fratrie. Malgré tout, c’est un film très drôle. Etait-ce important de garder cette distance ? Bien sûr ! Parce que c’est la distance de la vie, il faut savoir s’amuser de tout ! David et moi nous tenons à cette touche d’humour, même avec des sujets “forts”. En faisant rire on touche d’autant mieux le public.

Vous rassemblez ici un joli casting : Ludivine Sagnier, José Garcia, Ramzy Bédia… Aviez-vous pensé à eux dès l’écriture ? Nous n’écrivons jamais en pensant aux acteurs. Nous imaginons d’abord les personnages puis les situations. La question du casting s’impose lorsque le script est achevé, mais plus encore la cohérence entre les comédiens. C’est ce qu’il y a de plus important, car cela détermine la fluidité du jeu.

Quels seraient vos modèles ? Je n’en ai pas vraiment. Bien sûr, il y a des metteurs en scène que je trouve formidable mais qui n’ont aucun rapport avec ce que je produis. Par exemple Paul Thomas Anderson ou Claude Sautet. Les réalisateurs m’intéressant sont ceux qui vous emportent, racontent une histoire tout en transmettant une émotion.

Comment a évolué votre approche de la mise en scène depuis 2008 et Sans arme, ni haine, ni violence, votre premier long-métrage ? Avec le temps on gagne en expérience, mais c’est valable pour tous les jobs. Je pense que le metteur en scène est comme un artisan. En vieillissant, il concrétise ce qu’il a en tête. Aujourd’hui, je m’exprime plus facilement en images.

Qu’aimeriez-vous que les spectateurs retiennent ? Ils me disent qu’ils sont à la fois émus et amusés. Cela me va très bien de les savoir partagés entre ces deux émotions, car nous avons écrit le film dans ce but.

Quels sont vos projets ? J’ai joué dans Donne-moi des ailes de Nicolas Vanier (sortie prévue en octobre 2019, ndlr) et dans Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, adapté par Arnaud Viard du recueil de nouvelles d’Anna Gavalda. Concernant la réalisation, David et moi allons écrire un nouveau film…

Propos recueillis par Marion Humblot

Lola et ses frères

De Jean-Paul Rouve, avec lui-même, Ludivine Sagnier, José Garcia, Ramzy Bédia… En salle

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