Haroun
Satire à tout-va
« On dit le Front national moins raciste qu’avant ? à moins que les autres partis se soient mis au même niveau ? »… « Quitte à filmer des cas sociaux, les djihadistes à Fleury ce serait une bonne idée de télé-réalité »… Oui, Haroun est du genre corrosif. Derrière son look de gendre idéal, ce « mec de la banlieue tranquille de Paris », dit-il, est en train de s’imposer comme la nouvelle étoile du stand-up français. Entretien.
Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
Je suis originaire d’une lointaine banlieue de Paris, proche de la nature. J’ai donc vécu une jeunesse plutôt sympa. à l’adolescence, inscrit en école de commerce, j’ai monté un club de théâtre avec des potes. à la fin de ces études, j’ai donné des cours d’impro dans des entreprises avant d’entamer un tour du monde. De retour en France, j’ai décidé de créer un one man show, mon rêve depuis tout jeune.
Comment ce spectacle est-il né ?
Sur la longueur. J’ai écrit une première version baptisée Tous complices. Mais le spectacle s’est affiné, s’enrichissant de sujets d’actualité notamment. Il évolue sans cesse.
Quel est le propos ?
Je pose la question de nos responsabilités devant le monde actuel. J’aborde des thèmes plus ou moins graves comme l’écologie, l’éducation, la modernité mais aussi le racisme, les attentats ou la religion.
Comment qualifieriez-vous votre humour ?
J’aime bien le terme “sarcastico-gentil”. Je me moque de nos travers mais avec une certaine bienveillance… D’ailleurs, je reste le sujet principal de mes vannes.
Qui seraient vos modèles ?
Le premier fut Coluche. Puis je me suis intéressé à Pierre Desproges et aux Inconnus. J’aime aussi l’humour anglais des Monty Python ou de Ricky Gervais. Il y a une vraie culture de la satire là-bas, ils vont vraiment loin et n’hésitent pas à prendre des risques. Moi, ça ne m’intéresse pas de monter sur scène sans en prendre.
Vous considérez-vous comme un humoriste engagé ?
Non ! Je n’aime pas ce terme car il est très galvaudé en France. On ne peut pas dire qu’on se mette en danger en étant humoriste dans ce pays. Au pire, on risque un jugement en diffamation et quelques milliers d’euros d’amende. Les “vrais” humoristes engagés sont en Irak ou exilés en Jordanie.
Vous vous imposez souvent des contraintes : monter un spectacle en deux mois pour les élections, écrire sur des thèmes proposés par les internautes… Pourquoi ?
Cela vient de l’impro. Je cherche sans cesse de nouvelles vannes car, au bout d’un moment, je m’ennuie. Pour rester bon dans son domaine il faut pratiquer sans cesse, c’est comme le footing.
Y aura-t-il une suite à vos parodies d’émissions télé (Ambition intime ou Bourdin Direct…) ?
Ce n’est pas d’actualité. Je voulais surtout montrer à quel point on peut manipuler l’image. Certains ont cru que mes fausses interviews étaient réelles, que Marine Le Pen était une droguée. J’ai même reçu des messages privés de gens me demandant comment j’avais réussi à m’entretenir avec Trump.
Quelle est donc votre actualité ?
Un spectacle ayant pour thème Internet, il est prévu pour les 17,18 et 19 mai, je le peaufine en ce moment même. L’humanité est en train de prendre un drôle de virage avec cette hyper-connexion. Est-on prêt à cela ? Assez lucides sur les conséquences ?
Et aussi…
Waterloo, 14.09, Festival Waterlol, 21 h 30, 55 > 25 €, www.waterlol.be
Beauvais, 30.11, Elispace, 20 h, 35 €, www.elispace.fr