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Singulier pluriel

A priori, difficile d’établir des liens entre ces images. Pourtant, ils existent. D’abord, elles ont le même auteur : Philippe Debongnie. Surtout, elles dégagent une même puissance narrative. « Dans chacune de mes créations je réserve une place à l’imagination du spectateur », explique ce Bruxellois de 41 ans, qui refuse de se cantonner à un style. Que d’histoires, en effet, peut-on inventer face à ces portraits antédiluviens affublés de faciès animaux ! L’artiste s’est ici servi de vieux albums de famille pour donner vie à des personnages fantasmagoriques. Dans un autre genre, sa série de jazzmen est obtenue en mélangeant de l’eau et de l’encre. On y reconnaît John Coltrane, Louis Armstrong ou la Carolo Melanie de Biasio. Et ce même souci de « ne pas perfectionner l’image ». « J’essaie de trouver un équilibre entre réalisme et abstraction, espérant que le public se dise : “c’est dingue, ces taches dessinent un visage !” ». Pour autant, cet enseignant à l’Institut St-Luc de Bruxelles aborde aussi des sujets plus sensibles. Notamment avec ces paysages traversés par des éléments typographiques, incrustés sur des clichés surannés. Cette photo issue d’une autre époque, où des ouvriers confectionnent des logos de grandes marques, dézingue ainsi la mondialisation. « Il s’agit de montrer que rien n’a changé au fil du temps. L’exploitation humaine persiste. C’est pour moi un impératif moral de questionner ces faits de société ». Et pour nous un plaisir de réfléchir devant ces illustrations.


LM_Debongnie_portrait_02©JM_Clajot  A LIRE AUSSI : L’interview de Philippe Debongnie

 


Julien Damien
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